Alors que de nouvelles manifestations contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à sa propre succession sont attendues dans la journée, l’écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud a livré, vendredi 1er mars, sur RTL son analyse du mouvement de contestation en cours en Algérie. « Le principal changement : les gens n’ont plus peur. Le mur de la peur a été cassé », a estimé le Prix Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête.

« Chantage à la guerre civile »

M. Daoud, dont les prises de position font régulièrement polémique auprès de ceux qui accusent sa pensée critique de participer tantôt à une stigmatisation de l’Islam, tantôt à une caricature de l’Algérie, pays dans lequel il a choisi de demeurer malgré tout, a salué le calme des manifestants. « Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit qui va se passer, s’il n’y a pas de provocation de la part du régime » a-t-il affirmé, critiquant la confiscation du pouvoir par « une véritable gérontocratie qui fait face à une population majoritairement jeune. »

Condamnant la nouvelle candidature de M. Bouteflika, l’écrivain a dénoncé l’« insolence » d’un pouvoir qui irait jusqu’à « présenter une photo à la place d’un candidat qui est quasiment mort (…), beaucoup d’Algériens ont ressenti cela comme une humiliation. » M. Daoud a dit déceler « une très grande panique au sein du pouvoir qui peut avoir pour conséquence une très grande violence » de la part d’un « régime qui n’a pas d’issue » et qui se livre, selon lui, à « un chantage à la guerre civile ».