Charismatique et fédérateur, Fary entend donner ses lettres de noblesse au stand-up
Charismatique et fédérateur, Fary entend donner ses lettres de noblesse au stand-up
Par Sandrine Blanchard
L’humoriste de 27 ans a joué, vendredi soir, son seul en scène « Hexagone » devant le public de l’AccorHotels Arena de Paris.
L’humoriste Fary. / Homayoun
Fary a réussi son pari. Réunir et faire rire quinze mille spectateurs à Bercy. Pendant plus de deux heures, vendredi 1er mars, l’humoriste âgé de 27 ans a prouvé qu’il n’était plus seulement l’étoile montante du stand-up mais bien l’un de ses plus dignes représentants. Lui qui a déjà foulé les planches de Bobino, du Trianon, du Grand Rex, de Pleyel et du théâtre du Chatelêt n’en est pas à son premier challenge, mais celui-là était de taille.
Pour relever ce défi et être au plus près de son public, le jeune homme d’origine cap-verdienne a choisi de s’installer au centre de l’AccorHotels Arena sur un îlot scénique entouré par la foule. Dans les rangs des invités, s’est glissé le ministre de la culture, Franck Riester.
Arrogance française
En prélude, les quatre écrans qui dominent la scène diffusent « Moi, enfant de la République », l’excellent texte que Fary avait écrit pour sa carte blanche, le 16 novembre 2018, dans l’émission Boomerang d’Augustin Trapenard sur France Inter. Une profession de foi sur sa vision de la France qui s’accorde à merveille avec Hexagone, le titre de son seul en scène, pied de nez à la chanson éponyme de Renaud. Ecrit avec la complicité de l’humoriste Jason Brokerss, la force de ce show tient à sa maîtrise de bout en bout et au rapport convivial instauré avec le public malgré la dimension de la salle.
Moi, enfant de la République - La carte blanche de Fary
Durée : 03:27
Avec son allure inimitable, dreadlocks moitié noires moitié blondes retenues en chignon, veste longue et sarouel gris pâle, Fary parvient, avec une fausse nonchalance et une aisance insolente, à désamorcer les sujets les plus inflammables. Identité française, religion, intégration, mouvement metoo,… sur chacune de ces thématiques l’humoriste prêche l’empathie et l’apaisement sans tomber dans le piège de la naïveté.
Son récit de Français issu de l’immigration, où se mêle expériences personnelles et réflexions quasi patriotiques, hommage à sa mère et piques à l’arrogance française, se veut l’esquisse d’un pays en mal de rassemblement et un hymne à la réconciliation.
Belle autodérision
Confirmant son charisme et la force fédératrice de son humour, Fary semble aussi sûr de lui dans cette immense salle parisienne que dans les Comedy clubs où il a débuté. En quelques années d’une ascension fulgurante, ce protégé du producteur en vue Jean-Marc Dumontet est donc devenu le plus jeune humoriste à avoir fait Bercy et l’un des premiers Français de sa discipline à être distribué sur Netflix.
Rien ne semble arrêter la détermination de ce jeune homme qui entend donner ses lettres de noblesse au stand-up. En septembre prochain, il ouvrira à Paris son propre Comedy club.
En attendant, Fary a pu, grâce au succès de cette soirée, oublier le mauvais souvenir qu’il avait vécu dans ce même AccorHotels Arena le 20 novembre 2018 lors du concert catastrophique de Lauryn Hill. Pour faire patienter les fans de la chanteuse américaine qui poirotaient depuis plus de deux heures, l’humoriste était monté sur scène pour tenter quelques blagues et adoucir l’attente. Mais il avait fait… un bide. Vendredi soir, avec une belle autodérision, il a débuté son spectacle filmé dans un lit. Mais lui est arrivé à l’heure.
Fary dans « Hexagone », en tournée : le 6 mars à Genève, les 10 et 11 mars à Bruxelles, le 16 mars à Roubaix, le 5 avril à Montauban. Et à partir du 1er juin au Comedia-Théâtre libre à Paris.