En Algérie, Bouteflika limoge son directeur de campagne
En Algérie, Bouteflika limoge son directeur de campagne
Le Monde.fr avec AFP
En l’absence physique de M. Bouteflika, qui ne s’est pas adressé aux Algériens depuis un AVC en 2013, Abdelmalek Sellal se retrouvait en première ligne face à la contestation.
Des milliers d’étudiants algériens manifestent dans la capitale du pays le 26 février 2019 contre la candidature du président actuel, Abdelaziz BouteflikaAlgerian students take part in a protest in the capital Algiers on February 26, 2019 against ailing President Abdelaziz Bouteflika's bid for a fifth term. - Hundreds of students joined a growing protest movement in Algeria against Bouteflika's bid for a fifth term, with rallies in and around the capital and other cities. Bouteflika, who uses a wheelchair and has rarely been seen in public since suffering a stroke in 2013, announced on February 10 that he will seek re-election in the April 18 vote. (Photo by STRINGER / AFP) / STRINGER / AFP
C’est la première réponse de la part du pouvoir algérien, confronté à une contestation inédite depuis l’annonce de sa candidature à un cinquième mandat. Le président, Abdelaziz Bouteflika, s’est séparé de son directeur de campagne, a rapporté samedi 2 mars l’agence officielle algérienne APS.
Abdelmalek Sellal, qui avait animé les trois précédentes campagnes victorieuses (2004, 2009, 2014) du candidat Bouteflika, est remplacé par l’actuel ministre des transports, Abdelghani Zaalane. Les motifs de ce changement, qui intervient à moins de trente-six heures de l’expiration du délai de dépôt des dossiers de candidature à la présidentielle, n’ont pas été précisés.
Le choix d’écarter Abdelmalek Sellal de cette campagne est loin d’être anodin. En l’absence physique de M. Bouteflika, qui ne s’est pas adressé aux Algériens depuis un AVC en 2013 et qui n’apparaît plus que rarement en public, M. Sellal se retrouvait en première ligne face à la contestation. Son limogeage constitue le premier geste du pouvoir après les manifestations de colère populaire observées dans le pays depuis deux semaines.
183 blessés vendredi
Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes d’Algérie contre une nouvelle candidature du président, qui fête samedi ses 82 ans. Pour cette seule journée de manifestation, 183 personnes ont été blessées, selon l’agence de presse officielle APS, qui cite le ministère de la santé.
Des manifestations qui bouleversent aussi l’échiquier politique algérien. Le Parti des travailleurs (PT) algérien a annoncé samedi qu’il ne présentera pas de candidat à la présidentielle en Algérie, une première depuis 2004, en raison du mouvement de contestation actuel. « A l’exception de deux abstentions, tous les membres du Comité central ont voté pour la non-participation » à la présidentielle du 18 avril, a déclaré Ramdane-Youssef Tazibt, député et membre du bureau politique du PT.
« Le parti se devait de prendre en compte le processus révolutionnaire en cours en Algérie. Des millions d’Algériens réclament le départ du système et cette élection présidentielle ne peut pas répondre à cette aspiration réelle au changement. (…) Si le calendrier (électoral) est maintenu, le pays court de gros risques. On ne peut pas participer à quelque chose qui risque de plonger le pays dans l’irréparable. »
Une vague de contestations sans précédent
En annonçant son intention de se représenter, le chef de l’Etat a mis fin à des mois d’incertitudes sur ses intentions, mais aussi déclenché une contestation sans précédent de son régime depuis son arrivée au pouvoir en 1999. Mais à l’exception du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, aucun candidat d’envergure n’a pour l’heure confirmé sa candidature.
Principal adversaire de M. Bouteflika aux présidentielles de 2004 et 2014, son ancien premier ministre Ali Benflis annoncera dimanche s’il se porte ou non candidat à nouveau. Débarqué fin 2018 sur la scène politique, avec des propos fracassants promettant une « IIe République », le général à la retraite Ali Ghediri, sans parti et passé militant connu, s’est déclaré candidat mais est extrêmement discret depuis plusieurs semaines.
Principal parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui a rompu en 2012 avec l’alliance présidentielle, a désigné son président Abderrazak Makri pour le représenter au scrutin, mais n’a pour l’heure pas exclu de renoncer à participer à l’élection présidentielle.