Les « gilets jaunes » manifestent à Colmar, près d’une réplique de la statue de la Liberté, le 2 mars 2019. / SEBASTIEN BOZON / AFP

Les « gilets jaunes » ont entamé ce samedi leur seizième journée de mobilisation contre la politique d’Emmanuel Macron, prélude à un « gros mois » de mobilisation afin de marquer la fin du grand débat national et les quatre mois de ce mouvement social inédit.

A Paris, quelques centaines de « gilets jaunes » ont commencé à manifester samedi à la mi-journée dans un climat calme. Par un temps maussade, ils étaient entre 300 et 400 à s’être réunis à l’Arc de triomphe, sur une avenue des Champs-Elysées devenue le lieu de rendez-vous symbolique de leur mouvement. Ils ont commencé peu après 12 h 30 un parcours de 12 km déclaré à la préfecture, en direction de la place Denfert-Rochereau, dans le sud de la capitale. « RIC, pouvoir au peuple », « La France est pillée par l’oligarchie. Résistance », pouvait-on lire notamment sur des banderoles brandies par des manifestants.

Des rassemblements se tiennent également à Marseille, Montpellier, Alès, Strasbourg, Nantes, Bordeaux, Toulouse… A Nice, où la manifestation avait lieu en matinée, ils n’étaient qu’une vingtaine place Garibaldi.

La mobilisation est en revanche « très tendue » à Nantes, selon une source policière, où de premières échauffourées ont éclaté en tout début d’après-midi. Vers 14 heures, le cortège, formé d’un millier de manifestants qui ne portaient pas tous un gilet jaune, a souhaité passer par des petites rues, mais les forces de l’ordre ont empêché les protestataires. Après des sommations d’usage, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes. Les manifestants tentaient de rejoindre le centre-ville en suivant le tracé du tramway, d’après la même source.

A Bar-le-Duc (Meuse), un projet de « marée jaune » diffusé sur les réseaux sociaux a amené la préfecture à prendre un arrêté interdisant la vente et le transport « de produits combustibles », « pétards », « aérosols de peinture »

A Lyon, les « gilets jaunes » appellent à un rassemblement régional pour une « marche noire », demandant aux manifestants de venir vêtus de noir, « symbole du deuil » de l’avenir du mouvement « promis au mépris et à l’obscurantisme si nous n’agissons pas ensemble ».

Et dans le Nord, les organisateurs ont appelé les « gilets jaunes » de la région et des pays voisins (Belgique, Angleterre, Luxembourg, Pays-Bas, Allemagne) à « converger » vers Lille. « La lutte est internationale », affirme le message de l’événement Facebook traduit en anglais et allemand.

Les manifestants descendent l’avenue des Champs-Elysées samedi 2 mars 2019 vers midi, avant de se diriger vers le sud de la capitale. / ERIC FEFERBERG / AFP

« Le 16 mars, ça va être décisif »

Plusieurs manifestants interrogés par l’Agence France-Presse (AFP) reconnaissaient que les « gilets jaunes » étaient moins nombreux que lors de précédents samedis, tout en jugeant que la journée-clé serait celle du 16 mars, qui coïncide avec la fin du grand débat national et marquera les quatre mois de cette fronde populaire inédite. Ce débat, qui a suscité 10 000 réunions en France et plus d’un million de contributions sur Internet, est qualifié de « mascarade » et de « campagne de communication » par de nombreux « gilets jaunes ».

Pour Sylvie, gardienne d’immeuble dans l’Essonne, ce n’est « pas important qu’on soit peu nombreux aujourd’hui ». « Le 16, ce sera très gros. » « Le 16, ça va être décisif », renchérit Raymond, 55 ans, technicien de maintenance, qui se rend à Paris de son village de l’Oise pour manifester tous les samedis depuis le début du mouvement.

Catherine, retraitée, estime, elle, que le mouvement ne perd pas de son ampleur. Beaucoup de Français « sont “gilets jaunes” dans l’âme, pas besoin d’être présents physiquement », assène-t-elle. Venue de Seine-et-Marne avec sa fille de 14 ans, Gladys attend que « le gouvernement redonne l’argent au peuple ». Sur son gilet jaune, sa fille a écrit : « Hey Manu ! la relève est là. Mon avenir, on en parle ? »

Comme depuis le début du mouvement, le 17 novembre, Emmanuel Macron reste la cible privilégiée des manifestants, avec pour slogan-phare « Macron démission ! ». « Ni raciste, ni homophobe, ni antisémite. Ma haine n’est dirigée que vers l’injustice sociale », proclame par ailleurs une inscription sur le gilet jaune d’une manifestante, alors que des rassemblements au cours des dernières semaines ont été marqués par des paroles antisémites ou racistes.

Le 17 novembre, ils étaient 282 000 dans la rue pour l’acte I de cette fronde née sur les réseaux sociaux pour dénoncer la hausse des taxes et pour plus de pouvoir d’achat, des revendications qui se sont ensuite étendues à la politique du gouvernement. Samedi dernier, ils étaient 46 600 dont 5 800 à Paris, selon les autorités.