Brexit : la grève du zèle des douaniers à Calais et Dunkerque génère des kilomètres de bouchons
Brexit : la grève du zèle des douaniers à Calais et Dunkerque génère des kilomètres de bouchons
Le Monde.fr avec AFP
Les douaniers expliquent lundi faire la « démonstration de ce qu’il va se passer » en cas de rétablissement des contrôles aux frontières avec le Royaume-Uni.
Sur l’A16 entre Dunkerque et Calais, le 4 mars. / PHILIPPE HUGUEN / AFP
A l’entrée du tunnel sous la Manche et sur la rocade portuaire en amont du terminal des ferrys, des kilomètres de bouchons de poids lourds se formaient sur l’A16, lundi 4 mars. Des douaniers de Calais (Pas-de-Calais) et Dunkerque (Nord) étaient en grève du zèle « illimitée » à l’appel d’une intersyndicale demandant à être reçue par le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin.
De nombreux migrants tentaient de monter à bord des camions et remorques immobilisés notamment vers la rocade portuaire. La préfecture zonale a mis en place deux zones de stockage, sur l’A16 et l’A26, afin de tenter de juguler le trafic. Les véhicules particuliers pouvaient eux circuler normalement lundi sur l’A16.
« Les agents font une application stricte des règlements, des contrôles plus poussés », a expliqué David-Olivier Caron, secrétaire général CFDT-Douanes, qui a appelé à ce mouvement conjointement avec la CGT et l’UNSA. « Le Brexit est un catalyseur d’un malaise plus profond, la pénibilité du travail, la dangerosité et la nature de nos missions », a-t-il ajouté. Selon lui, environ trois cents agents travaillent à Calais (au port et à l’Eurotunnel) et une soixantaine au port de Dunkerque. Dans le détail, l’intersyndicale revendique une revalorisation des heures de nuit (« à 7 euros brut contre 1,80 aujourd’hui »), une revalorisation de la prime de risque et plus d’agents supplémentaires pour le Brexit, a précisé Philippe Bollengier (CGT).
« Des contrôles plus approfondis »
« Si la Grande-Bretagne devient un pays tiers, il y aura des contrôles plus approfondis. Vous avez la pleine démonstration aujourd’hui de ce qui va se passer : on estime que les effectifs supplémentaires de sept cents agents pour l’ensemble de la France sont insuffisants », a-t-il expliqué. Et de résumer : « Notre administration nous demande d’essayer de fluidifier le trafic au détriment même de nos missions pour ne pas bloquer le commerce entre Etats. Il y a une contradiction entre ce que l’on est normalement chargé d’appliquer et la politique globale menée au niveau [du] commerce. »
« On nous demande un très très gros effort, ça va être un très gros effort de réinstaller une frontière avec très peu de moyens supplémentaires », a renchéri Vincent Thomazo, secrétaire général UNSA-Douanes, espérant que ce mouvement fasse « boule-de-neige » ailleurs en France.