Au Bénin, l’opposition privée d’élections législatives
Au Bénin, l’opposition privée d’élections législatives
Le Monde.fr avec AFP
Pour le scrutin du 28 avril, seules les listes de deux partis soutenant le président Patrice Talon ont été validées par la commission électorale.
Le président béninois, Patrice Talon (au centre), lors du 58e anniversaire de l’indépendance du pays, à Cotonou, le 1er août 2018. / YANICK FOLLY / AFP
Aucun parti de l’opposition ne pourra présenter de candidats aux législatives du 28 avril au Bénin ; seuls deux partis soutenant le président Patrice Talon pourront le faire, a annoncé, mardi 5 mars, la Commission électorale nationale autonome (CENA). « Après délibérations, la CENA a pris la décision suivante : validation de la déclaration de candidature et de délivrance de récépissé définitif pour les partis Union progressiste et Bloc républicain », les deux principaux partis de la majorité, a précisé à la presse Emmanuel Tiando, le président de la commission électorale.
Assurant avoir respecté « l’obligation d’impartialité et de neutralité », la CENA a rejeté après examen les listes de trois partis : deux de la mouvance présidentielle, le Parti du renouveau démocratique et Moele Bénin, et un de l’opposition, Force Cauris pour le développement du Bénin. La commission s’est en revanche « abstenue d’examiner la recevabilité » des dossiers de deux autres partis d’opposition, notamment l’Union sociale libérale (USL), de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon, pour « dossier incomplet et défaut de certificat de conformité », un document administratif délivré par le ministère de l’intérieur.
« Blocage »
Les partis dont les listes n’ont pas été retenues « pourront adresser un recours devant la Cour constitutionnelle », a précisé Emmanuel Tiando. La CENA avait enregistré au total sept listes de candidatures pour les législatives qui permettront d’élire 83 nouveaux députés.
Plusieurs milliers de personnes avaient bloqué la semaine dernière le pont reliant les deux principales villes du pays, Cotonou et Porto-Novo, à l’appel de l’USL, pour protester contre le « blocage » des listes d’opposition, de nombreux partis n’ayant pas pu inscrire leurs candidats pour cause de non-conformité avec le code électoral. Mi-janvier, l’ancien président Thomas Boni Yayi avait lancé un appel à faire front commun aux législatives contre le président Talon, élu en mars 2016 et accusé de dérive autoritaire, alors que plusieurs opposants ont fait l’objet de poursuites judiciaires ces derniers mois.
Les députés sont élus tous les quatre ans. Cinq millions de Béninois sont inscrits sur les listes électorales.