Trent Alexander-Arnold lors du match contre Everton, le 3 mars 2019. / OLI SCARFF / AFP

Sur les dix dernières années, seules deux équipes n’ont pas réussi à remporter le championnat d’Angleterre après avoir passé Noël en tête : Liverpool version 2008-2009 et… Liverpool version 2013-2014. Deux équipes qui pourraient être rejointes cette saison par Liverpool version 2018-2019.

Cette situation a de quoi rendre fou n’importe quel supporter des Reds. Il faut dire que cela fait presque trente ans qu’ils attendent de voir leur équipe remporter le championnat national. C’était la saison 1989-1990 et cela remonte tant, qu’à l’époque, on ne parlait pas encore de Premier League, et que 23 des 28 joueurs de l’effectif actuel n’étaient pas encore nés.

Pourtant, ce n’est pas comme si Liverpool n’avait rien gagné depuis ou si le club du Merseyside avait été ridicule. Les Reds ont fini quatre fois deuxième et cinq fois troisième en championnat, ils ont remporté trois coupes d’Angleterre (1992, 2001, 2006), quatre coupes de la ligue (1995, 2001, 2003, 2012), trois Community Shields (1990, 2001, 2006), une coupe de l’UEFA (2001), et surtout une Ligue des champions (2005).

Les tragédies 2009 et 2014

Mais parmi tous ces trophées, il manque évidemment celui de champion d’Angleterre. Liverpool n’est pas passé loin, notamment en 2009 et 2014, mais à l’époque, le sort n’avait pas souri.

En 2009, Liverpool passe le Nouvel An en tête. Rafael Benitez, le coach des Reds assure que Sir Alex Ferguson, entraîneur de Manchester United, principal rival dans la course au titre, est « nerveux et apeuré ».

Dans la foulée, Liverpool ne gagne que deux des sept matches qui suivent, pendant que Manchester United continue sa série de victoires pour prendre la tête.

Liverpool aura beau être à l’affût pendant tout le reste de la saison, et même s’ils se font peur à plusieurs reprises en remportant des matches dans les dernières secondes, les hommes d’Alex Ferguson termineront champions avec quatre points d’avance.

Quatre ans plus tard, c’est l’autre club de Manchester, Manchester City qui prive Liverpool de son titre de champion. Plus que Manchester City qui gagne ce titre, c’est Liverpool qui le perd.

A trois journées de la fin, les Reds comptent six points d’avance sur City (qui compte un match de moins). Mais contre Chelsea, Steven Gerrard rate un contrôle et glisse dans sa moitié de terrain, pour envoyer Demba Ba inscrire le premier des deux buts londoniens.

Une semaine plus tard, Liverpool se fait remonter de 3-0 à 3-3 par Crystal Palace. La dernière victoire contre Newcastle ne servira à rien. Manchester City ne tremble pas, remporte ses quatre derniers matches et finit la saison avec deux points d’avance.

Une saison « différente »

Alors Liverpool va-t-il répéter l’histoire cinq ans plus tard ? Fin décembre, le titre de champion semblait promis aux Reds pour la première fois depuis 29 ans. Avec sept points d’avance sur Manchester City, et 17 victoires et trois nuls en vingt matches, rien ne semblait pouvoir leur arriver.

A tel point qu’avant la deuxième rencontre entre les deux équipes, le 3 janvier, le site FiveThirtyEight, spécialisé dans l’analyse des statistiques et des données assurait que la seule façon pour Manchester City de pouvoir remporter le titre était que Liverpool le perde.

Pour la BBC, cette saison s’annonçait « différente » : « On dirait que l’on a une équipe de Liverpool qui est maître de la Premier League et de son propre destin. […] Liverpool est désormais favori pour le titre. Il n’y a pas de débat. »

Deux mois, quatre nuls et une défaite plus tard (en neuf matches), Liverpool est désormais deuxième de Premier League et compte un point de retard sur Manchester City.

L’attaque si prolifique des Reds, emmenée par Mohamed Salah, Sadio Mané et Roberto Firmino a perdu en efficacité et a coûté un match nul, la semaine dernière, lors du derby contre Everton (0-0), après un autre nul deux semaines plus tôt contre Manchester United (0-0) : deux rencontres où Liverpool n’a pas vraiment semblé dangereux.

De quoi réveiller de vieux démons.

« Il faut rester calme, relativise le défenseur Virgil Van Dijk. Il reste neuf matches et tout est encore possible. Je pense que les gens oublient qu’il reste encore un quart de la saison à jouer. Un point ce n’est pas beaucoup, même si ça reste quelque chose, puisque c’est Manchester City. On verra. »

Baisse de régime

Depuis le 1er janvier, on note pourtant une baisse de régime du côté des Reds. S’ils surperformaient dans tous les secteurs du jeu jusque-là, ils ont depuis retrouvé un rythme plus « normal ».

Selon le modèle de statistiques avancées d’Understat, Liverpool avait gagné huit points de plus que prévu sur les vingt premières journées (par rapport aux occasions créées et concédées). Depuis, les Reds en ont pris deux de moins que prévu, notamment en raison de leur manque d’efficacité devant le but adverse.

C’est d’ailleurs ce que regrettait Jürgen Klopp, l’entraîneur allemand de Liverpool à l’issue du nul contre Everton, le 3 mars (0-0) : « C’était un match difficile pour beaucoup de raisons. Mais dans ce match difficile à contrôler, nous avons eu trois ou quatre occasions réelles. »

Pour éviter un surplus de fatigue dans la course au titre, certains pressent Liverpool de « balancer » son huitième de finale de Ligue des champions pour se concentrer sur le championnat.

Jürgen Klopp a assuré qu’il ne ferait pas une telle chose, même s’il sait que les supporteurs de Liverpool préféreraient un titre de champion d’Angleterre à une victoire en Ligue des champions.

La bonne nouvelle pour Liverpool, c’est que les hommes de Jürgen Klopp ont un meilleur calendrier avec plus de matches à domicile et des adversaires supposément moins forts que ceux de Manchester City.

Surtout, ils auront l’occasion de mettre la pression sur City, ces prochaines semaines, en jouant des matches avant les Citizens, qui sont encore en lice en coupe de la ligue.

Mais pour que tout cela puisse se produise, Liverpool ne doit plus laisser filer de points. Et cela commence dès ce dimanche, contre Burnley (13 heures).