H2O Asset Management, le succès du hedge fund à la française
H2O Asset Management, le succès du hedge fund à la française
LE MONDE ARGENT
La société de gestion française a su adapter au climat de l’Europe des produits nés outre-Atlantique à la réputation souvent sulfureuse.
« L’eau, c’est la performance, mais aussi la liquidité et la transparence », assure Vincent Chailley, le directeur des investissements et cofondateur d’H2O Asset Management avec Bruno Crastes, son directeur général. / Guy Bouchet / Photononstop
La valeur n’attend point le nombre des années. Créé il y a neuf ans, le fonds d’investissement spéculatif H2O Asset Management joue dans la cour des grands, avec un actif sous gestion de 28,3 milliards d’euros, et se distingue cette année avec un trophée Fundclass pour la régularité de ses performances sur sept ans. Son nom n’a pas été choisi au hasard : « L’eau, c’est la performance, mais aussi la liquidité et la transparence », assure Vincent Chailley, le directeur des investissements et cofondateur d’H2O Asset Management avec Bruno Crastes, son directeur général. Ces qualités se déclinent dans la gestion des hedge funds.
Les produits d’H2O Asset Management sont loin des boîtes noires que sont parfois les hedge funds, ces fonds hautement spéculatifs qui font appel à des techniques de marché aussi sophistiquées qu’obscures. La société de gestion a principalement décliné sa gamme dans le cadre réglementaire européen des Undertakings for Collective Investment in Transferable Securities (Ucits), qui garantit une liquidité quotidienne et une grande transparence sur la composition des portefeuilles.
« Notre philosophie de gestion repose sur une grande diversification : nous travaillons toutes les classes d’actifs, ainsi que leurs interactions », résume Vincent Chailley. L’équipe compte une vingtaine de professionnels de l’investissement, parmi lesquels sept ingénieurs quantitatifs chargés de brasser des milliers de données. « Nous nous appuyons sur des modèles quantitatifs, mais l’équipe de gestion reste au cœur du processus d’investissement. Ce ne sont jamais les chiffres qui décident », ajoute-t-il en comparant ses fonds à des avions de ligne bourrés d’électronique mais dont le pilote reste seul maître à bord.
Frais d’entrée dissuasifs
Principal fonds de la gamme avec un encours de 7 milliards d’euros, H2O Adagio a pour objectif de servir une performance de 3 % au-dessus du marché monétaire. Mission accomplie, puisqu’il gagne 5,98 % sur un an à fin janvier, contre − 0,37 % pour l’indice Eonia, le taux de référence interbancaire de la zone euro. « Notre gestion est dynamique. Nous avons besoin de maîtriser les encours sous gestion pour préserver la performance. C’est pourquoi nous avons limité la collecte sur certains produits depuis juin 2018 », précise Vincent Chailley. Ainsi, des frais d’entrée dissuasifs sont appliqués sur deux fonds depuis l’été dernier et sur cinq nouveaux produits, dont H2O Adagio depuis le 11 février. La rançon du succès.
Côté distribution, H2O Asset Management est déjà largement présent à l’international. L’Europe continentale représente 71 % des encours collectés, auxquels s’ajoutent 5 % pour le Royaume-Uni, le solde provenant d’Asie, du Moyen-Orient et des Etats-Unis. En France, les particuliers peuvent accéder à certains produits de la gamme par le biais de leur contrat d’assurance-vie sur des plates-formes comme Axa, Generali ou Swiss Life. Mais la très grande majorité des clients sont des investisseurs institutionnels. H2O Asset Management s’appuie, depuis son lancement en 2010, sur son actionnaire de référence, Natixis Investment Managers, qui détient 50,01 % du capital. « Ce modèle est rassurant pour les clients institutionnels, qui ont besoin de partenaires solides. Il nous permet d’accéder aux services d’un grand groupe tout en nous laissant une liberté totale de gestion et de bénéficier d’une plate-forme de distribution internationale », détaille Vincent Chailley.
Autre particularité d’H2O Asset Management, le hedge fund à la française est installé… à Londres, depuis sa création. Un bureau parisien ouvrira cependant ses portes en mars, avant la date fatidique de l’entrée en vigueur du Brexit, le 29 mars. « Le cœur de la gestion devrait rester à Londres, mais nous souhaitons avoir un pied en France pour développer aussi de nouvelles activités », commente Vincent Chailley.