Les Lyonnais ont été écrasés 5 à 1 mercredi soir par le Barça en 8e de finale de Ligue des champions. / SUSANA VERA / REUTERS

En football, l’ordre des choses conserve parfois son caractère inéluctable. Malgré deux matchs contre le Manchester City de Pep Guardiola et un face au Barça de Lionel Messi, Lyon n’avait pas encore perdu cette saison en sept matchs de Ligue des champions.

Un déplacement au Camp Nou, dans une rencontre décisive à élimination directe, n’était pas le plus indiqué pour poursuivre cette belle série. Mercredi 13 mars, cela s’est logiquement vérifié avec une cruelle défaite 5 à 1 des Lyonnais, qui sont donc sortis au stade des huitièmes de finale, comme le PSG.

Débarqué en Catalogne avec le bénéfice d’un match nul heureux, et trompeur, décroché lors du 8e de finale aller (0-0), l’OL est passé à travers de la première période. Et face au grand FC Barcelone, cela ne pardonne pas.

Un constat auquel n’a pu échapper l’entraîneur de l’OL, Bruno Génésio, qui avait choisi d’aligner cinq défenseurs. « En première période, on a énormément souffert à cause de la grosse pression imposée par le Barça. On n’a pas su répondre, a-t-il reconnu, ça a été beaucoup mieux en deuxième, on a senti qu’ils doutaient après notre but, mais malheureusement le troisième a scellé le sort du match. Il nous a fait mal dans les têtes. »

Malgré l’espoir suscité par une bien meilleure deuxième mi-temps, les Lyonnais ne verront donc pas les quarts : leur dernière participation remonte déjà à 2010. A l’époque, Lyon avait éliminé… le Real Madrid, avant de battre les Girondins de Bordeaux et de chuter en demi-finale contre le Bayern Munich.

« Messi inarrêtable »

Les Gones ne pourront pas s’enorgueillir d’être la troisième sensation européenne en dix jours après les exploits de l’Ajax à Madrid et de Manchester United à Paris. Le discours d’avant-match, emprunt de méthode Coué, qui tentait de trouver des raisons d’espérer dans ces deux confrontations, n’a pas suffi à ce que les joueurs de Bruno Génésio parviennent à hisser leur niveau de jeu. A de rares exceptions, comme l’avant-centre Moussa Dembélé et surtout le milieu de terrain Tanguy Ndombélé qui devrait être difficile à conserver.

Alors si le penalty accordé au roublard Luis Suarez est peut-être généreux sur l’ouverture du score, si la sortie après un choc terrible, et une perte de connaissance, du gardien Anthony Lopes en première période n’a pas aidé, si l’espoir a été de mise pendant 20 minutes après la réduction du score par Lucas Tousart (59e, 2-1), la supériorité de l’étincelant Lionel Messi, auteur d’un doublé, et de sa bande ne souffre guère de contestation.

« Lorsque Messi joue à un tel niveau, avec une telle motivation, il est inarrêtable. C’est l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, un génie. A l’image de Ronaldo hier (triplé pour la Juventus contre l’Atletico), il a porté son équipe », a admiré Bruno Génésio, quelque peu résigné en conférence de presse d’après-match.

Le capitaine Lionel Messi a montré l’exemple face à Lyon. / SUSANA VERA / REUTERS

Le troisième but barcelonais de Coutinho, intervenu après la sortie sur blessure de Ferland Mendy - pas vraiment à la hauteur sur la pelouse - a été le véritable révélateur de la différence de niveau entre les deux clubs.

L’un, le Barça, est présent sans discontinuer en 8e de finale de la Ligue des champions depuis la saison 2004-2005 et s’est qualifié treize fois sur quinze. L’autre n’avait plus joué à ce stade de la compétition depuis sept ans et avait même perdu cinq de ses six derniers 8es de finale. La statistique passe désormais à six sur sept.

Elle en dit long sur le gap qui sépare encore l’Olympique lyonnais du très haut niveau continental. L’ambition du président Jean-Michel Aulas, symbolisée par l’inauguration de son grand stade privé en 2016, de (re) prendre place parmi les grands clubs européens paraît encore irréaliste.

Lutter pour retrouver la Ligue des champions

Les contre-feux médiatiques traditionnels de la tête pensante du club rhodanien ne changeront rien à ce constat. « Je ne suis pas un spécialiste du football, je suis un modeste président d’un club de province qui dans son analyse, ne peut que considérer qu’à partir du moment où il y a un penalty inexistant, qu’on perd le gardien titulaire, ça peut changer fondamentalement le sens du match, a-t-il tenté d’expliquer. L’équipe de Barcelone est très forte mais il n’y avait pas cet écart que l’on voit au résultat final. »

Que cela soit dans la gestion tactique de ce double affrontement, dans l’approche mentale ou dans la comparaison entre les deux effectifs, Lyon a beaucoup de travail à fournir. Le temps presse pour un président septuagénaire, en poste depuis plus de trente ans et qui n’a qu’un rêve : gagner une Coupe d’Europe avant de prendre sa retraite.

« Je l’ai dit, ça fait sourire, mais dans cinq ans j’espère qu’on aura gagné une Coupe d’Europe, avait-il déclaré au Figaro avant le choc contre le Barça, Je ne veux pas lâcher avant d’avoir remporté la Ligue des champions. » Pas certain que les sourires quittent les visages des sceptiques après cette terrible désillusion.

D’autant qu’en Ligue 1, Lyon n’est que troisième à sept points de Lille. Avant de penser au sommet, il faut déjà assurer l’essentiel : la participation à la prochaine édition de la Ligue des champions ou au moins au barrage de la compétition. Une tâche loin d’être aisée tant les Marseillais, qui ne sont plus qu’à trois points des Lyonnais, rêvent de jouer un mauvais tour à leur nouveau rival.