L’ex-patron des « stups » mis en examen pour l’organisation d’une fausse garde à vue
L’ex-patron des « stups » mis en examen pour l’organisation d’une fausse garde à vue
Le Monde.fr avec AFP
François Thierry est suspecté d’avoir organisé une fausse garde à vue pour favoriser l’importation de drogue.
François Thierry montrant les résultats d’une saisie de cannabis, en décembre 2012. / PATRICK KOVARIK / AFP
Le commissaire François Thierry, ancien patron de l’office antidrogue aux méthodes controversées, a été mis en examen, lundi 18 mars à Lyon, pour l’organisation d’une fausse garde à vue d’un informateur.
A la tête de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) de 2010 à 2016, François Thierry a été mis en examen pour « faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique, complicité de faux, complicité de trafic de stupéfiants et participation à une association de malfaiteurs », a précisé le parquet de Lyon.
Une magistrate mise en examen
L’affaire remonte au 3 avril 2012. Ce jour-là, un informateur, Sofiane Hambli, est extrait de la prison de Nancy pour être conduit dans un hôtel proche des locaux de l’Ocrtis, à Nanterre, et y piloter à distance une grosse livraison de cannabis dans le sud de l’Espagne.
Le commissaire est suspecté d’avoir favorisé l’importation de la drogue sans avoir informé totalement l’autorité judiciaire des modalités de l’opération, ni du rôle joué par Sofiane Hambli. François Thierry soutient, au contraire, que le parquet de Paris était parfaitement au courant de ces livraisons surveillées, destinées à démanteler des filières et de l’utilisation de l’informateur.
Dans ce dossier, deux magistrats sont soupçonnés d’avoir donné un cadre juridique fictif à l’opération. Eux disent avoir été trompés sur sa finalité. La procureure adjointe du parquet de Paris Véronique Degermann, 58 ans, a été mise en examen pour « complicité de faux » le 12 février.
Sept tonnes de cannabis
Cet épisode avait été révélé au cours d’une enquête confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) après une saisie embarrassante le 17 octobre 2015 à Paris. Les douanes avaient alors découvert sept tonnes de cannabis dans des camionnettes garées au bas d’un luxueux appartement du boulevard Exelmans (XVIe arrondissement), occupé par Sofiane Hambli.
Dans ce volet, instruit à Bordeaux, François Thierry avait déjà été mis en examen, en août 2017, pour complicité de trafic de stupéfiants. Dans la foulée, il perdait son habilitation d’officier de police judiciaire, sanction transformée en suspension après un recours.