Opération de police à la prison de Condé-sur-Sarthe, deux semaines après l’attaque
Opération de police à la prison de Condé-sur-Sarthe, deux semaines après l’attaque
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
A l’issue de l’opération associant enquêteurs de la police judiciaire et policiers du RAID, cinq détenus ont été placés en garde à vue.
Michaël Chiolo, détenu radicalisé, a agressé, avec sa compagne, deux surveillants dans la prison de Condé-sur-Sarthe, le 5 mars. / BENOIT TESSIER / REUTERS
Cinq détenus de la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne, ont été placés en garde à vue après une opération de police menée lundi 18 mars au matin, selon une source proche de l’enquête, confirmant une information d’Europe 1. L’objectif : rechercher d’éventuels complices du détenu radicalisé qui a agressé, avec sa compagne, deux surveillants dans cet établissement le 5 mars. Des enquêteurs de la police judiciaire étaient assistés de policiers du RAID.
Converti à l’islam depuis 2010, Michaël Chiolo avait notamment dit vouloir venger Cherif Chekatt, le tueur du marché de Noël de Strasbourg, abattu par les policiers. Après l’agression à l’aide d’un couteau en céramique, le détenu s’était retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l’unité de vie familiale (UVF) de la prison.
Les forces d’élite de la police avaient lancé l’assaut à la suite de vaines tentatives de négociations, et tué la compagne de Michaël Chiolo, Hanane Aboulhana. Ce dernier avait pour sa part été blessé. Selon une source proche de l’enquête, il était toujours hospitalisé lundi.
La section antiterroriste du parquet de Paris avait immédiatement été saisie. Trois personnes – un détenu et sa compagne ainsi qu’une femme ayant hébergé Hanane Aboulhana – avaient été placées en garde à vue après l’agression, mais elles avaient été rapidement remises en liberté.
Cette attaque a entraîné le blocage de plusieurs prisons en France. Lundi, le centre pénitentiaire d’Alençon – Condé-sur-Sarthe était bloqué pour la treizième journée d’affilée, selon la direction de l’administration pénitentiaire (DAP).
Radicalisation en prison
Michaël Chiolo, 27 ans, effectuait une peine de réclusion criminelle de trente ans, assortie d’une période de sûreté de vingt ans, pour arrestation, enlèvement, séquestration suivie de mort et vol avec arme. Des faits remontant à 2012 lors desquels il avait martyrisé, en compagnie de deux autres hommes, un octogénaire rescapé de Dachau. Le vieil homme était mort étouffé par son bâillon.
Michaël Chiolo se serait radicalisé en prison. Jamais poursuivi pour des faits d’« association de malfaiteurs terroriste », il a toutefois été condamné à un an de prison pour apologie du terrorisme après avoir demandé à ses codétenus de la maison d’arrêt de Mulhouse (Haut-Rhin), en novembre 2015, de rejouer l’attaque du Bataclan. Il aurait par ailleurs croisé Cherif Chekatt à la prison d’Epinal, affirme une source pénitentiaire.
Selon l’administration pénitentiaire, ce détenu inscrit au fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) se « comportait de façon normale » à Condé-sur-Sarthe. Il ne figurait pas parmi la dizaine de personnes incarcérées au quartier de prévention de la radicalisation, mais dans la partie ordinaire du quartier maison centrale réservée aux longues peines de prison.