Les Etats doivent dévoiler leur « contribution nationale » à l'objectif mondial de limitation du réchauffement à 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle. / PETER ANDREWS / REUTERS

Noyée entre le Brexit et la relation avec la Chine, la question climatique figurait, elle aussi, au menu de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, jeudi 21 et vendredi 22, à Bruxelles. Noyée, ou en tout cas très brièvement évoquée au moment des conclusions du sommet, faute d’un accord à annoncer.

Les dirigeants n’ont, en effet, pas trouvé de terrain d’entente pour rehausser leurs objectifs sur le climat, ainsi que cela était pourtant envisagé – et promis à des manifestants mobilisés, au cours des dernières semaines, en Europe et ailleurs dans le monde.

Une discussion reportée en juin

Leur espoir et celui d’une série d’ONG était que l’on tienne compte du fait que les mesures envisagées actuellement sont jugées insuffisantes pour limiter la hausse des températures à 1.5° et atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, au cœur des discussions actuelles sur la stratégie climatique à long terme de l’Union. La semaine dernière, le Parlement de Strasbourg avait approuvé cette idée de neutralité carbone en 2050 et d’un accroissement de l’effort, d’ici à 2030, pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.

Neuf Etats membres (la France, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande, le Luxembourg et le Portugal) ont demandé cette semaine une mention claire de la date de 2050, d’autres s’y sont opposés (la République tchèque et la Pologne) tandis que l’Allemagne, qui refusait elle aussi de mentionner cet horizon, jouait les arbitres et proposait… un report de la discussion au prochain sommet, en juin.

Wendel Trio, directeur du Climate Action Network (CAN), évoque une situation « inacceptable », alors que l’Europe doit participer en septembre au sommet des Nations unies sur le climat. L’UE doit répondre, notamment, à la demande d’engagements supplémentaires formulée par le secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres.

Des conclusions « éminemment insuffisantes » pour M. Macron

Greenpeace souligne, de son côté, que pour accroître les chances de limiter la hausse des températures à 1,5 °C, la décarbonisation complète devrait, en réalité, être atteinte en 2040, et non dix ans plus tard. L’objectif actuel de réduction des émissions de gaz à effet de serre (-40 % en 2030) est, lui aussi, insuffisant et devrait être porté à 65 %, affirme l’ONG.

« Il ne faut pas mentir, le nécessaire réveil n’est pas là »

Commentant l’absence d’accord à l’issue de ce sommet de deux jours, Emmanuel Macron a évoqué des conclusions « éminemment insuffisantes ». Pour le président français, le compromis intervenu n’est que « la moins mauvaise des solutions » mais n’apporte pas de réponse aux défis du moment et à « l’impatience de la jeunesse ». « Il ne faut pas mentir, le nécessaire réveil n’est pas là », a-t-il insisté tandis que Jean-Claude Juncker et Donald Tusk passaient quasiment l’affaire sous silence.

Le texte de conclusions approuvé le 22 mars parle, certes, de l’engagement des Vingt-Huit à respecter l’accord de Paris scellé lors de la COP21 et souligne « l’importance » d’une stratégie à long terme qui pourrait, en outre, créer de la croissance et de l’emploi. Faute de mieux, le Conseil ne peut cependant qu’appeler les pays membres à « accroître leurs efforts » d’ici au mois de juin.