Une explosion massive dans une usine chimique fait 47 morts en Chine
Une explosion massive dans une usine chimique fait 47 morts en Chine
Par Simon Leplâtre (Shanghaï, correspondance)
L’explosion de cuves de produits inflammables est la plus meurtrière survenue au cours de ces dernières années, mais les accidents industriels sont toujours nombreux en Chine.
Explosion le 21 mars à Yangcheng. / CHINA STRINGER NETWORK / REUTERS
Une explosion massive dans une usine chimique en Chine a fait au moins 47 morts et 90 blessés graves, jeudi 21 mars, alors que les secours continuent de fouiller les décombres à la recherche de survivants. L’explosion, qui a eu lieu à 14 h 50, a soufflé de nombreux bâtiments autour du site, dans un parc industriel spécialisé dans la chimie à Yangcheng, à 300 kilomètres au nord de Shanghai. Une partie des victimes étaient des ouvriers ; ils ont été tués par l’effondrement de leur usine.
L’explosion a fait suite à un incendie dans l’usine. Les cuves qui ont explosé contenaient du benzène, un liquide hautement inflammable. Des centaines de secouristes ont été envoyés sur place, 3 000 personnes ont été évacuées, et 600 personnes sont soignées pour des blessures liées à l’accident, ont indiqué les autorités locales vendredi matin. Beaucoup d’habitants ont été blessés par des éclats de verre.
An explosion occurred at a chemical industry park in Yancheng City, east China's Jiangsu Province; fire rescuers ar… https://t.co/NI1BTACZkY
— Echinanews (@China News 中国新闻网)
Petit séisme
La puissance de l’explosion est telle qu’elle a provoqué un petit tremblement de terre, de magnitude 2,2 sur l’échelle de Richter, d’après l’administration de sismologie nationale chinoise. De nombreuses images ont été partagées en ligne : des observateurs qui filmaient l’incendie sont surpris tout à coup lorsqu’une immense boule de feu apparaît, suivie quelques secondes plus tard par un bruit assourdissant. Dans certaines vidéos, les témoins eux-mêmes sont soufflés alors que les fenêtres volent en éclat autour d’eux. Les vitres ont été soufflées sur quatre kilomètres autour du site, d’après des reporters de l’Agence France-Presse sur place.
Sur des images filmées au drone au-dessus du site par la télévision nationale chinoise, on peut voir trois gigantesques cuves éventrées, arrosées par une dizaine de lances à incendie des pompiers. L’une d’elles est encore en feu, mais l’incendie a été contrôlé dans la nuit, d’après les autorités. Autour, c’est la désolation : les usines les plus proches ont été presque rasées. Plus loin, les riverains balaient des décombres et du verre brisé. A plus d’un kilomètre du site, la tôle de certaines voitures a été froissée, comme après un accident à pleine vitesse.
Manquements à la sécurité
L’usine de Tianjiayi Chemical produisait des composés chimiques de base, dont l’anisole, hautement inflammable. Plusieurs personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête de police en cours, ont indiqué les autorités.
Le 22 mars à Yangcheng. / STR / AFP
L’entreprise avait été rappelée à l’ordre en février 2018 pour treize manquements aux règles de sécurité par l’administration d’Etat pour la supervision de la sécurité. Les manquements concernaient l’insuffisance de qualification à la sécurité des cadres de l’usine, l’absence de patrouilles d’inspections, et plusieurs problèmes techniques inquiétants, comme l’absence de certaines valves de sécurité et des fuites nombreuses. Le rapport décrit aussi d’importants problèmes structurels : « Il n’y a pas de dispositif d’urgence d’évacuation des fuites sur le site de chargement et de déchargement du benzène et du méthanol. »
La sécurité des sites industriels en Chine reste largement insuffisante, comme le rappellent les accidents tragiques qui s’y produisent régulièrement. En novembre, une fuite de gaz avait fait 24 morts et 21 blessés à Zhangjiakou, à l’ouest de Pékin. Mais les images de l’explosion de Yangcheng rappellent surtout les paysages dévastés à la suite de l’explosion d’un entrepôt de produits chimiques à Tianjin, une ville portuaire située à l’est de Pékin, qui avait fait 165 victimes en 2015. A l’époque, l’information sur la pollution de l’air après l’accident avait fait défaut, les dirigeants locaux craignant de provoquer la panique. A Yangcheng cette fois-ci, de nombreux riverains ont fui leur maison par crainte d’être exposés à des produits chimiques.