La Cour des comptes conteste le recul des services publics dans les territoires ruraux
La Cour des comptes conteste le recul des services publics dans les territoires ruraux
Par Benoît Floc'h
Selon un rapport, la présence de l’Etat dans la ruralité demeure « dense » notamment en ce qui concerne la gendarmerie, l’éducation nationale et La Poste.
C’est un rapport qui a tout du pavé dans la mare. Alors qu’une partie des « gilets jaunes », à l’unisson des élus locaux, déplorent la disparition des services publics, la Cour des comptes estime, dans un document publié mercredi 20 mars, que les suppressions de postes et les fermetures d’administrations n’ont pas entraîné « d’abandon généralisé » des services publics dans les zones rurales. Et ce, « contrairement à une perception répandue », relève-t-elle.
La présence des services publics demeure même « dense » dans ces territoires, notamment en ce qui concerne la gendarmerie nationale, l’éducation nationale et La Poste. Certes, notent les magistrats, le nombre d’écoles a baissé de 5,3 % en quatre ans dans les campagnes quand il diminuait de 2 % dans les villes. Mais lorsque l’on tient compte du nombre d’enseignants pour 100 élèves, on se rend compte qu’il est de 5 dans les Hauts-de-Seine contre 8,8 en Lozère. Ce sont les regroupements de classes qui expliquent notamment ce bon taux. Des brigades de gendarmerie ont bien été supprimées mais « la part des effectifs de la gendarmerie affectée dans les territoires ruraux n’a quasiment pas varié depuis 2012, témoignant de la volonté de maintenir une présence dans ces territoires ».
La dématérialisation est une chance
L’Etat pourrait même faire encore mieux, notamment pour les centres des impôts. Le nombre des implantations a trop peu baissé, s’étonne la Cour, soulignant « une rétractation de 5,6 % de 2011 à 2016 ». Trop de trésoreries comptent très peu d’agents, déplore-t-elle. Cette « rationalisation trop longtemps différée » se transforme en « un handicap pour y pourvoir les postes, et un risque pour la qualité et la continuité du service ». Même critique envers des organismes sociaux.
Or, note la Cour, la dématérialisation est une chance. Elle permet un « renouvellement des relations avec l’usager » et « une plus grande efficacité de la dépense publique grâce à une rationalisation des effectifs ou des implantations et à une organisation améliorée du service public ». Elle constate avec satisfaction que les démarches en préfecture ou à Pôle emploi ont été dématérialisées. Ce qui a permis de « simplifier ses procédures et de diminuer la charge de son accueil physique ».
Dans les campagnes, le numérique peut-être « un instrument d’égalisation des chances. Encore faut-il que deux conditions soient réunies » : que les infrastructures numériques le permettent et que les personnes âgées ou démunies soient accompagnées. « Or, ces deux conditions sont loin d’être remplies », regrette-t-elle. Et cela peut « entretenir un sentiment d’abandon ».