Le général Jean-Marie Michel Mokoko à Brazzaville, le 19 mars 2016, à la veille de l’élection présidentielle congolaise à laquelle il était candidat. / EDUARDO SOTERAS / AFP

Le général congolais Jean-Marie Michel Mokoko a invoqué son immunité, lundi 7 mai, au premier jour de son procès à Brazzaville pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ». Sa défense qualifie la procédure de « règlement de comptes politiques » monté par le régime du président Denis Sassou-Nguesso.

Le général Mokoko, qui comptait parmi les figures de ce régime jusqu’à sa candidature à l’élection présidentielle de 2016, a comparu devant la cour criminelle de Brazzaville où les journalistes, tenus à l’écart le matin, ont finalement été admis dans l’après-midi. Vêtu d’une large chemise blanche bâillant au-dessus d’un pantalon bleu nuit, il a choisi de ne pas répondre aux questions de la cour.

« Vous outragez la cour »

Ex-chef d’état-major, ex-conseiller du président, le général de 71 ans formé à l’école militaire de Saint-Cyr (France) invoque une immunité qu’il affirme tenir d’un décret de 2001 faisant de lui un « dignitaire de la République », a-t-il fait savoir à l’AFP par le truchement d’un membre de sa famille. « Il est serein », a assuré ce dernier.

« Vous outragez la cour » avec votre silence, lui a lancé le président de celle-ci, Christian Oba. « Ce n’est pas mon interprétation », a répondu l’officier.

« Les avocats de la partie civile pensaient que l’accusé avait une part de vérité à exposer dans cette salle. Il se refuse à toute déclaration. Nous en tirerons toutes les conséquences juridiques mais les débats doivent se poursuivre », a déclaré l’un des avocats de l’Etat, Me Gérald Deviller, un Français inscrit au barreau de Brazzaville. « La cour suprême a statué à deux reprises [en disant] qu’il n’avait pas l’immunité. » L’audience doit reprendre mardi à 10 heures (heure locale).

Désobéissance civile

En mars 2016, le général avait terminé troisième de l’élection présidentielle, recueillant moins de 14 % des voix. Le scrutin avait abouti à la réélection dès le premier tour du président Sassou-Nguesso (avec 60 % des suffrages), qui cumule plus de trente ans au pouvoir. Avec d’autres candidats, le général Mokoko avait alors appelé à la « désobéissance civile ».

M. Mokoko est aussi accusé de « détention illégale d’armes et munitions de guerre » ainsi que d’« incitation au trouble à l’ordre public ». « S’il avait voulu faire un coup d’Etat, il l’aurait fait depuis longtemps. Jamais le général Jean-Marie Michel Mokoko n’a dit : “Prenez les armes” », a affirmé, jeudi 3 mai, sur Radio France internationale (RFI) l’un de ses avocats, Norbert Tricaud.

La cour criminelle doit aussi juger la semaine prochaine un autre officier, le général Norbert Dabira, arrêté en janvier pour une tentative de coup d’Etat. Jean-Martin Mbemba, ex-ministre d’Etat, comparaîtra par la suite, également pour atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. Un autre candidat à la présidentielle, André Okombi Salissa, est détenu pour les mêmes motifs depuis janvier 2017. La date de son procès n’est pas connue.