Le président du Conseil de la nation algérien (équivalent du Sénat), Abdelkader Bensalah, le 31 mars 2019. / FETHI BELAID / AFP

Après plusieurs semaines de vive contestation contre une candidature pour un cinquième mandat, le président algérien depuis vingt ans, Abdelaziz Bouteflika, a remis sa démission au Conseil constitutionnel, mardi 2 avril. L’institution a officiellement constaté mercredi « la vacance définitive de la présidence de la République ». S’ouvre désormais une période de quatre-vingt-dix jours à l’issue desquels une élection présidentielle doit être organisée – et à laquelle le chef de l’Etat par intérim ne peut pas se présenter.

En attendant, la transition est assurée par Abelkader Bensalah, 77 ans. Cet ancien journaliste au journal étatique Ech-Chaab (« le peuple ») est né en 1942, près de Tlemcen (nord-ouest). Il est passé par les affaires étrangères, avant de présider, de 1994 à 1997, le Conseil national de la transition, le Parlement désigné après l’arrêt du processus électoral en janvier 1992.

Elu député sous les couleurs du Rassemblement national démocratique (RND), il préside l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse) de 1997 à 2002. Sa carrière est confortée avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, en 1999, qui s’appuie ouvertement sur les gens de l’Ouest. Il est, depuis 2002, président du Conseil de la nation (Sénat) et, de ce fait, le deuxième personnage de l’Etat. Régulièrement, sa nationalité algérienne « d’origine », exigée pour exercer la charge de chef de l’Etat, est contestée. Il serait, selon ces assertions, un Marocain naturalisé après l’indépendance. Ce qu’il a toujours démenti.

Cacique, bon manieur de la langue de bois, M. Bensalah est un fidèle d’Abdelaziz Bouteflika. Il a été un ardent défenseur de la révision de la Constitution qui a permis, en 2008, la levée de la limitation des mandats et l’ouverture de la voie pour la présidence à vie de M. Bouteflika. Abdelkader Bensalah a également soutenu un cinquième mandat de ce dernier, qui a fait sortir en masse les Algériens dans les rues.

Des pouvoirs limités

Durant l’intérim qui précède la prochaine élection présidentielle, le gouvernement ne peut être ni démis ni remanié. Si le premier ministre est candidat à la présidentielle, il est automatiquement démissionnaire, et remplacé par un membre du gouvernement désigné par le chef de l’Etat par intérim.

Le président par intérim a des pouvoirs très limités : il ne peut pas consulter la population par référendum, ne peut pas lancer une révision de la Constitution, ni légiférer par ordonnances, ni dissoudre l’APN. Il ne dispose pas du droit de grâce, de remise ou de commutation d’une peine. Il doit obtenir l’approbation des deux chambres du Parlement, du Conseil constitutionnel et du Haut Conseil de sécurité pour déclarer l’état de siège, l’état d’exception, la mobilisation générale ou la guerre et pour signer les traités de paix.

Les manifestants, qui réclamaient en masse le départ de M. Bouteflika mais aussi de son entourage et du « système » au pouvoir, ont déjà fait savoir ces dernières semaines leur rejet par avance du processus d’intérim constitutionnel, qui maintient en place les hommes-clés du « système ».

Algérie : Abdelaziz Bouteflika démissionne, les rues d’Alger en liesse
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La démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril, est une humiliante capitulation face à une population en révolte depuis la fin février. Le mouvement de protestation le plus important des deux dernières décennies en Algérie a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour exprimer leur opposition à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

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