Les hockeyeuses françaises jouent leur premier championnat du monde en avril en Finlande. / F. Campanatto

Pendant que les footballeuses françaises accueillent, jeudi 4 avril, leurs homologues japonaises pour l’un des derniers matchs de préparation avant la Coupe du monde qui aura lieu en France dans deux mois, d’autres sportives tricolores affrontent également aujourd’hui l’équipe du Japon.

A Espoo, à l’extrême sud de la Finlande, les hockeyeuses vont même disputer leur premier match lors d’un championnat du monde élite. Il s’agit en effet pour les Bleues d’une première participation depuis la création de cette compétition en 1990. Un signal très positif pour le hockey français qui ne possède un championnat féminin que depuis 1986 et dont l’équipe de France féminine n’a joué son premier match officiel qu’en 1989.

« On ressent de la satisfaction. C’est le résultat du travail effectué depuis de nombreuses années, déclare la DTN Christine Duchamp, La dynamique s’est accélérée ces 20 dernières années. Peut-être que l’on a profité du travail fait par d’autres sports en ce qui concerne la pratique féminine. »

Réservoir modeste

Ancienne internationale entre 1994 et 2005, puis ex-coach des Bleues de 2006 à 2013, Christine Duchamp est l’une des pionnières du hockey féminin. C’est dans la région de Gap, l’une des places fortes de ce sport en France, qu’elle a débuté.

« On en parlait à l’école, on allait voir les matchs, puis ma mère était présidente de l’association qui organisait la pratique dans le village, se souvient-elle, Quand on est enfant, on ne se préoccupe pas de savoir si le sport que l’on aime a la réputation d’être un sport de garçon ou de fille. J’ai longtemps joué avec les garçons. C’était plus compliqué dans les années 1990. Aujourd’hui c’est devenu normal. »

La Fédération française de hockey sur glace (FFHG) comptait la saison dernière 2 563 joueuses licenciées (550 joueuses seniors). Un réservoir modeste, malgré une augmentation de 71 % en dix ans, qui a obligé la fédération à mettre en place la mixité jusqu’à l’âge de 18 ans. « Chez nous, il existe uniquement une compétition féminine en senior. Avant, on joue forcément avec les garçons. Ça a été le cas de toutes les internationales. C’est une force », explique Christine Duchamp.

A partir de la majorité, beaucoup de joueuses tentent l’aventure à l’étranger, en général sur des terres de hockey plus passionnées. C’est le cas de la capitaine de l’équipe de France, Marion Allemoz, qui joue désormais en Suède. A 29 ans, elle est aussi la meilleure buteuse de l’histoire des Bleues.

Sur 23 joueuses, 9 évoluent en France

Internationale depuis l’âge de 15 ans en 2005, elle s’est exilée en 2012 au Canada, où elle a joué en universitaire et également au sein de la Ligue professionnelle. Elle a notamment remporté avec les Canadiennes de Montréal, la Coupe Clarkson 2017, l’équivalent de la Coupe Stanley (attribué au vainqueur de la Ligue nationale de hockey).

« Ces dix dernières années, il y a une grosse évolution du hockey en France. Le nombre de licenciées augmente. Le pôle France a été créé. Ce sont toutes ces petites choses qui font que l’on progresse », se félicite-t-elle.

Sur les 23 joueuses tricolores présentes en Finlande, seules neuf évoluent en France. A 22 ans, Raphaëlle Grenier est l’une d’entre elles. Elle partage son temps entre l’équipe féminine de Tours mais aussi avec les équipes masculines U17 et U19 de Lyon, disputant régulièrement deux matchs par week-end.

Elle n’est pas la seule puisque les hockeyeuses ont la possibilité d’évoluer avec les hommes en sous-classement et même en double sous-classement.

Marion Allemoz. / F. Campanatto

« La fédé nous trouve des options pour que l’on puisse continuer à jouer. Avant, les filles continuaient un ou deux ans après le bac et s’arrêtaient. La moyenne d’âge des Bleues était très jeune. Grâce à ces mesures, on peut garder plus longtemps la même équipe, analyse la défenseuse, Avec les garçons, je travaille mon physique, j’apprends à jouer plus vite. Avec les filles, on joue les systèmes de jeu plus correctement et je prends d’avantage mes responsabilités. »

Quarts de finale ou relégation

En Finlande, les Françaises évolueront au sein du groupe B, en compagnie de quatre autres équipes : le Japon, la Suède, l’Allemagne et la République Tchèque. Dans le groupe A, on retrouve les cinq meilleures équipes (dont le Canada, 10 titres mondiaux et les Etats-Unis, 8 titres), déjà assurées de disputer les quarts de finale.

« Pour éviter la relégation, on doit terminer dans les trois premiers, c’est-à-dire décrocher une place de quart de finaliste. Ce sera difficile mais on va tout donner… », espère Marion Allemoz.

Un avis que partage Christine Duchamp : « La descente ne serait pas une contre-performance mais on a forcément l’ambition de se maintenir. On verra si on y parviendra dès cette année ou si dans un premier temps nous ferons notre apprentissage en faisait le yoyo entre l’élite et la division en dessous… »

A l’avenir, les Bleues pourraient même viser les Jeux olympiques, qui ne sont ouverts aux hockeyeuses que depuis 1998. Une tâche ardue tant les places y sont chères : seules huit équipes participent au tournoi olympique féminin contre douze autorisées lors du tournoi masculin. Le rêve olympique se mérite.