« Mon Inconnue » : Une fantaisie amoureuse teintée de surnaturel
« Mon Inconnue » : Une fantaisie amoureuse teintée de surnaturel
Par Thomas Sotinel
Hugo Gélin tente d’acclimater la comédie romantique hollywoodienne, augmentée d’une dose de fantastique, sur les berges de la Seine.
Le héros de cette fantaisie amoureuse s’appelle Ramisse, Raphaël Ramisse. On l’apprend dès les premières séquences qui rajeunissent considérablement son pourtant juvénile interprète, François Civil, en l’asseyant sur les bancs d’un lycée parisien. Cette cure de jouvence en partie numérique, ce patronyme emprunté au réalisateur d’Un jour sans fin (et interprète de S.O.S. Fantômes), Harold Ramis, ont valeur de programme : on n’empruntera ni à Marivaux, ni à Rappeneau mais au thésaurus hollywoodien, Mon Inconnue ne sera pas une comédie romantique mais une romcom.
A cette intention, on doit sans doute la part de spectacle, inhabituelle dans le cinéma comique français contemporain, de Mon Inconnue. Mais la dose de fantastique injectée dans la comédie du quotidien est insuffisante pour que l’idylle s’épanouisse tout à fait.
Au lycée, Raphaël passe son temps à imaginer les aventures d’un héros futuriste, rêveries qui sont le prétexte au déploiement d’effets spéciaux de grande ampleur. Un soir, il surprend une condisciple qui joue du piano en cachette dans un débarras de l’établissement (on pourrait croire que l’inconnue vit elle-même dans une soupente et n’a d’autre occasion de s’exercer, mais non, apprendra-t-on plus tard, elle descend d’une dynastie de concertistes ; le scénario est plein de ces grains de sable). En dix minutes, Olivia (Joséphine Japy) et Raphaël filent dix ans d’un amour de plus en plus imparfait, jusqu’à ce que le jeune homme, désormais habitué des plateaux télévisés et idolâtré par ses lecteurs, devienne si odieux avec sa compagne, qui n’a pas connu le même succès, qu’elle le quitte.
Un couple moderne plutôt attendrissant
Le lendemain, Raphaël se réveille dans un petit appartement, en bas duquel Félix, son meilleur ami (Benjamin Lavernhe) l’attend pour l’emmener en scooter jusqu’au collège où les deux garçons enseignent depuis des années. En chemin, le héros voit partout placardé le portrait de son épouse, devenue la plus célèbre des pianistes, qu’il lui faut désormais reconquérir, après avoir convaincu son copain d’avant qu’il vient d’être victime d’une rupture du continuum espace-temps.
Ces péripéties ne sont pas une mince affaire. Il faut les faire avaler aux personnages, aux spectateurs. Or, on dirait que toute l’énergie consacrée à la confection de Mon Inconnue a été mise à soigner la cosmétique du film : les décors, y compris la cour du lycée Jacques Decour, ont l’air de vitrines de Noël, les élèves du collège sont charmants et le film baigne dans toutes les lumières romantiques imaginables, de l’ambre des cafés nocturnes au clair de lune maritime.
Ce n’est pas assez pour masquer les trous du scénario qui font trébucher les comédiens. Les quelques lignes de la prose de Raphaël que l’on peut lire sont navrantes, et font s’envoler le crédit que l’on pouvait accorder à son statut de rock star littéraire. Le mensonge qu’il élabore avec Félix pour s’immiscer dans l’intimité de son aimée est si grossier qu’on ne peut croire que la pianiste, désormais vieille routière du show-business, et son manager et amant, puissent tomber dans le panneau. Le couple moderne et plutôt attendrissant que forment François Civil et Joséphine Japy méritait une liste de remariage plus consistante.
Mon Inconnue - de Hugo Gélin avec François Civil - Bande-annonce
Durée : 02:26
Film français d’Hugo Gélin, avec François Civil, Joséphine Japy, Benjamin Lavernhe (1 h 58). Sur le web : www.marsfilms.com/film/mon-inconnue/, www.facebook.com/MonInconnue.lefilm