Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé, dimanche 7 avril, qu’il allait demander le recomptage de tous les votes exprimés à Istanbul lors des élections municipales la semaine dernière et dont le résultat provisoire le donne perdant dans cette ville.

Le vice-président du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) Ali Ihsan Yavuz, a indiqué qu’une demande avait été déposée samedi auprès du Haut Conseil électoral (YSK) pour le recomptage des voix dans l’un des 39 districts d’Istanbul. « Aujourd’hui, nous allons saisir le YSK, par l’intermédiaire de sa branche provinciale, pour le recomptage de toutes les voix dans l’ensemble des districts [restants], dans les 38 districts », a-t-il ajouté.

Selon les résultats provisoires, le président Erdogan a essuyé un revers inédit lors de ce scrutin municipal qui s’est tenu dimanche dernier : l’opposition l’a emporté à Ankara et Istanbul, les deux plus grandes villes du pays que l’AKP et ses prédécesseurs islamistes contrôlent depuis vingt-cinq ans.

« Abus organisés »

Mais dénonçant des « irrégularités flagrantes » lors du vote, l’AKP avait déposé en début de semaine un premier recours pour demander un recomptage partiel, essentiellement des voix comptabilisées comme nulles lors du dépouillement. Un recomptage partiel est également en cours à Ankara, où le candidat de l’opposition, Mansur Yavas, est arrivé largement en tête, d’après les résultats provisoires.

M. Yavuz a indiqué qu’après recomptage d’environ 70 % de ces voix nulles, l’écart séparant le candidat de l’AKP et celui de l’opposition à Istanbul était tombé à moins de 16 500 voix, contre plus de 25 000 à l’annonce des résultats provisoires. C’est une goutte d’eau à l’échelle d’une ville de plus de 15 millions d’habitants. Chacun des candidats a reçu plus de quatre millions de voix.

Le vice-président de l’AKP a affirmé dimanche que le scrutin municipal était marqué par « des abus organisés, c’est quelque chose qui va au-delà de la simple erreur individuelle ». De son côté, le candidat de l’opposition à Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui se présente d’ores et déjà comme le « maire d’Istanbul », accuse l’AKP de vouloir gagner du temps en multipliant les recours pour effacer les traces d’éventuelles malversations commises à la municipalité.