LeasePlan vise le tout-électrique pour 2030
LeasePlan vise le tout-électrique pour 2030
Par Eric Gibory
Avec une offre en plein développement, des points de recharge de plus en plus nombreux et des aides gouvernementales plus importantes, le loueur longue durée estime le moment venu d’abandonner essence et gazole.
Julie Guillem
La nouvelle n’est pas passée inaperçue dans le Landerneau des flottes. LeasePlan, l’un des tout premiers loueurs longue durée au monde, a annoncé l’abandon des véhicules thermiques d’ici à 2030. Finis les moteurs diesel et leurs rejets de polluants atmosphériques. L’annonce a fait d’autant plus de bruit que le loueur finance et gère plus de 1,8 million de véhicules à travers 32 pays et cinq continents. Sur le sol français, où la concurrence est rude, LeasePlan revendique 134 000 véhicules, avec des volumes en hausse de 8 % sur l’année 2018.
Aujourd’hui, le diesel et l’essence représentent encore une part essentielle de cette flotte. « En revanche, au niveau de notre flotte globale, les volumes de l’électrique croissent de 40 à 60 % chaque année », souligne Olivier Debuquoy, consultant véhicule électrique au sein de LeasePlan. Selon une étude de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA), le secteur du transport est responsable de 14 % des émissions de CO2 dans le monde. Selon l’Ademe, en 2013, ce pourcentage atteignait près de 20 % dans l’Union européenne. En France, le transport est la première source de rejet de carbone, avec 29 % des émissions.
LeasePlan a décidé de s’engager sur la voie électrique pour endosser sa part de responsabilité, agir pour la protection de l’environnement et combattre le réchauffement climatique. « Désormais, la clientèle professionnelle représente plus d’un véhicule neuf vendu sur deux à travers le monde, rappelle Olivier Debuquoy. C’est pourquoi la responsabilité des entreprises est importante pour limiter les émissions de CO2. »
La France, en retard mais ambitieuse
Dans certains pays, LeasePlan aura plus de facilité à atteindre ses objectifs. Chaque année, le loueur réalise une étude sur l’évolution de la maturité des pays en matière de véhicules électriques. Les 22 marchés les plus représentatifs ont été passés au crible. Bilan : la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et l’Autriche sont aujourd’hui les pays les mieux préparés à la révolution du véhicule électrique. La France se trouve seulement à la 12e position.
Quatre critères principaux sont pris en compte : les volumes de vente, la quantité et la qualité des infrastructures de recharge, les incitations gouvernementales et l’expérience de LeasePlan dans chacun des pays.
Si la France paraît en retard, son objectif d’atteindre un parc d’un million de véhicules électrifiés (600 000 modèles 100 % électrique et 400 000 hybrides rechargeables) dès 2022 paraît ambitieux. Fin 2018, cette flotte atteignait seulement 205 000 unités. La volonté du gouvernement d’en finir avec les voitures émettant des gaz à effet de serre au plus tard en 2040 pourrait donc paraître présomptueuse. Il n’empêche, l’Hexagone a des atouts à faire valoir. « La France fait partie des pays prêts à passer à l’électrique, constate Olivier Debuquoy. Parallèlement à une offre importante de modèles, le sol français dispose d’un réseau de recharge étendu et de bonne qualité, et les aides gouvernementales, nombreuses, permettent de compenser le coût encore élevé des batteries. »
La France devrait encore accélérer sur l’électrique puisque la ministre des transports, Elisabeth Borne, a annoncé plusieurs mesures en sa faveur pour 2019 : système de bonus revu jusqu’en 2022, stationnements et voies réservés, développement de zones à faibles émissions, baisse du coût de raccordement des infrastructures de recharge, etc.
Quelques difficultés à surmonter
Dans sa marche en avant vers le tout-électrique, LeasePlan bénéficie des efforts des constructeurs automobiles. Pour atteindre les objectifs fixés par l’Europe, ces derniers doivent vendre une part grandissante de véhicules électriques. Pour y parvenir, ils multiplient les nouveautés. Lors du dernier Salon de Genève, qui s’est déroulé du 7 au 17 mars, le visiteur aurait pu avoir la sensation d’assister à un évènement réservé à ces nouvelles technologies tant l’offre était abondante. Pour élargir encore le choix et pour répondre à une demande grandissante pour des camionnettes de grand volume, LeasePlan a décidé de distribuer en Europe le fourgon 100 % électrique du groupe Saic, le premier constructeur automobile chinois.
Malgré ces signes encourageants, certains freins devront être levés avant que l’électrique ne s’impose massivement. Tout d’abord le réseau public d’infrastructures de recharge devra se développer davantage. Pour y contribuer, LeasePlan a signé un accord de partenariat avec Allego pour installer des bornes au domicile et sur le lieu de travail des conducteurs et pour leur fournir une carte d’approvisionnement leur ouvrant accès à 108 000 points de recharge en Europe.
Autre difficulté à surmonter, le surcoût de l’électrique tendrait à diminuer. « Le coût total d’utilisation des véhicules électriques et hybrides rechargeables se rapproche de celui des modèles thermiques équivalents, constate Olivier Debuquoy. Mais les aides gouvernementales ont encore un impact significatif sur l’équation économique. »
Quant à l’autonomie limitée des batteries, elle ne poserait plus de problème majeur. Pour LeasePlan, à pleine charge, la plupart des véhicules électriques peuvent rouler pendant 200 kilomètres au minimum. « Sur un an, le kilométrage peut atteindre 70 000 kilomètres, estime Olivier Debuquoy. Un nombre limité de conducteurs parcourent autant de distance. »
Si les différents obstacles tombent, pour LeasePlan comme pour l’ensemble des protagonistes, une question demeure sur la pertinence de l’empreinte environnementale du véhicule électrique quand l’ensemble de son cycle de vie est pris en considération. Les interrogations sont encore plus vives quand l’électricité est produite à partir de centrales au charbon.