Soudan : les manifestants veulent discuter avec l’armée d’une transition
Soudan : les manifestants veulent discuter avec l’armée d’une transition
Le Soudan connaît depuis le 19 décembre dernier des manifestations régulières contre le pouvoir du président Omar Al-Bachir, lequel exclut de démissionner.
L’Association des professionnels du Soudan (SPA), le groupe à la tête du mouvement de contestation dans le pays, réclame depuis des mois le départ du pouvoir d’Omar Al-Bachir. Il a appelé lundi 8 avril à l’ouverture de négociations directes avec l’armée en vue de la formation d’un « gouvernement de transition ».
« Nous appelons les Forces armées soudanaises à engager un dialogue direct avec l’Alliance pour le changement et la liberté afin de faciliter un processus pacifique débouchant sur la formation d’un gouvernement de transition », a déclaré un dirigeant de cette organisation, l’opposant Omar El-Digeir. « Nous réitérons la demande du peuple de démission immédiate du chef du régime et de son gouvernement », a ajouté ce responsable, s’exprimant devant le QG de l’armée à Khartoum où sont rassemblés des milliers de manifestants pour le troisième jour de suite. Depuis samedi, journée qui a été marquée par un net regain de la mobilisation, cette foule appelle les soldats à la soutenir.
Le président Bachir exclut de démissionner
Lundi, l’armée a déployé des troupes autour de son QG, et celles-ci ont installé des barricades dans plusieurs rues à proximité afin d’empêcher des véhicules de s’approcher, selon des témoins. Les soldats ne sont pas intervenus contre les manifestants. Depuis le déclenchement de la contestation le 19 décembre, l’armée ne s’est pas immiscée dans la répression des protestations, menée par le puissant service de renseignement, le NISS, et par les forces de police antiémeute.
Provoquées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un contexte économique difficile, les manifestations se sont rapidement transformées en contestation contre M. Bachir, 75 ans, qui dirige le pays depuis un coup d’Etat en 1989 et exclut de démissionner. Depuis le début du mouvement, le bilan se monte à 60 morts au minimum, selon des chercheurs de l’ONG Physicians for Human Rights, qui ont enquêté auprès des médecins soudanais.
De son côté, le ministre de l’intérieur soudanais, Bushara Juma, a annoncé que sept protestataires avaient été tués depuis samedi. « Pendant que les manifestations étaient dispersées, sept citoyens sont morts, six dans l’Etat de Khartoum et un dans le centre du Darfour », a-t-il déclaré devant le Parlement.