Affaire Geneviève Legay : l’enquête était confiée à la compagne du commissaire mis en cause
Affaire Geneviève Legay : l’enquête était confiée à la compagne du commissaire mis en cause
Ce lien entre deux policiers au cœur de l’enquête, révélé par « Mediapart », était connu du procureur de la République dès l’ouverture de l’enquête préliminaire sur les blessures de cette manifestante de 73 ans à Nice.
C’est un élément qui inspire de nouvelles questions dans l’enquête ouverte sur les conditions dans lesquelles Geneviève Legay, une femme de 73 ans, a été blessée lors d’une manifestation à Nice le 23 mars. Mediapart a révélé, lundi 8 avril, que la commissaire chargée des investigations est la compagne du commissaire Souchi, chargé des opérations le jour de la manifestation.
Une relation connue du procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, qui a affirmé auprès du site d’information avoir été « tout à fait au courant, au moment de l’ouverture de l’enquête préliminaire, de [ces] liens de concubinage ». « Je ne vois pas en quoi cela pose problème ? », s’interroge-t-il.
Deux jours après les faits, M. Prêtre avait assuré que la chute de la septuagénaire n’avait pas été provoquée par un policier. Il avait ensuite changé de version et reconnu, le 29 mars que « c’est bien le geste d’un policier qui est à l’origine de la chute de Mme Legay ».
Visite de policiers à l’hôpital
Entre-temps, l’avocat de la famille de la manifestante a déposé plainte pour « violences volontaires commises en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique, avec usage d’une arme, et sur personne vulnérable » et « subornation de témoin ». La septuagénaire explique avoir reçu, à l’hôpital, dès le lendemain de la manifestation, plusieurs visites de policiers, « placés sous l’autorité directe » de la compagne du commissaire Souchi selon Mediapart. « Ils ont surtout insisté pour me faire dire que c’était un journaliste qui m’avait poussée, détaille Mme Legay dans une interview au même site. Or, c’est faux. Je me rappelle avoir été poussée par un policier et je le leur ai dit. Mais ils insistaient sur le journaliste. »
« Je sais que le policier qui m’a poussée a reçu des ordres de sa hiérarchie, du commissaire Souchi, du préfet de police, du ministère de l’intérieur », continue la septuagénaire. Elle dit, par ailleurs, se rappeler « très bien, au début de la manifestation, de ce commissaire Souchi et de son regard. Il semblait animé de colère à notre égard. »