Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, à Bercy, mardi 9 avril. / ERIC PIERMONT / AFP

En lançant la campagne 2019 de déclarations des revenus, mardi 9 avril, Gérald Darmanin l’a rappelé : si huit millions de foyers seront dispensés de ce pensum en 2020, parce que leur situation fiscale n’aura pas changé, chacun est cette année encore tenu de déclarer au fisc ce qu’il a perçu en 2018. Et ce, malgré la mise en place du prélèvement à la source, en janvier.

La réforme, dont le ministre de l’action et des comptes publics a assuré, mardi, qu’elle ne s’était accompagnée que de « très peu d’incidents », modifie les modalités de l’impôt sur le revenu. Le décalage d’une année est supprimé : en 2018, les citoyens ont été taxés sur les revenus perçus en 2017. En 2019, ils le sont sur ceux de 2019.

La réforme implique donc que les Français ne paieront jamais d’impôt sur les revenus de 2018. C’est « l’année blanche ». Ce qui n’empêche pas qu’il faut les déclarer. Pourquoi ? Cela permettra d’abord à l’Etat de calculer l’impôt sur le revenu de 2018 qu’il ne réclamera pas. Cela peut paraître a priori baroque, mais « si on ne calcule pas cet impôt, on ne pourra pas l’effacer », précise-t-on à Bercy.

La déclaration 2019 permettra également au fisc d’ajuster le taux d’imposition en fonction de l’évolution des revenus en 2018. Le nouveau taux sera appliqué en septembre.

Depuis janvier, cependant, le prélèvement à la source a déjà permis aux contribuables dont la situation fiscale a changé (du fait d’une naissance, d’un mariage, d’une démission, etc.) de faire immédiatement modifier leur taux d’imposition. Mais d’autres ne l’ont pas fait, par ignorance ou par négligence. Dans tous les cas, la déclaration est obligatoire.

Utile pour les crédits ou réductions d’impôt

Par ailleurs, cela distinguera les revenus habituels des revenus exceptionnels, lesquels sont exclus de l’année blanche. Mardi, Gérald Darmanin a expliqué qu’il s’agissait d’« éviter les optimisations fiscales qui ne sont pas conformes à l’idée que l’on se fait du paiement de l’impôt, et notamment du paiement du juste impôt », en évoquant « les personnes les plus riches ».

Qu’est-ce qu’un revenu exceptionnel ?

« C’est un revenu qu’on n’a pas d’ordinaire, a précisé le ministre. Si chaque année, vous avez une prime, c’est un revenu ordinaire, même si elle varie de 100 ou de 200 euros. Si, en revanche, vous avez eu 100 000 euros de dividendes, il faut les déclarer pour payer des impôts dessus. »

La déclaration sera également utile pour les crédits ou réductions d’impôt, lesquels sont toujours accordés selon l’ancien système, c’est-à-dire avec un an de décalage. Par exemple, le crédit d’impôt dont peuvent bénéficier les parents pour les dépenses liées à la garde d’un enfant. Ils déclareront cette année ce qui a été dépensé en 2018. Cela leur permettra d’obtenir un crédit d’impôt en 2020 : 60 % dès janvier, le solde à l’été.

Impôt : comment le prélèvement à la source fonctionne-t-il ?
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