« Tanguy, le retour » : une comédie sans l’art de faire rire
« Tanguy, le retour » : une comédie sans l’art de faire rire
Par Jacques Mandelbaum
Le réalisateur Etienne Chatiliez tente de renouer, en vain, avec le succès du premier volet (2001) des aventures du dadais amorphe.
Concepteur des clips pour Eram qui contribuèrent plaisamment à chausser les Français, Etienne Chatiliez les fit ensuite se gondoler avec une impressionnante série de succès tournant à quatre millions d’entrées l’espèce, depuis La Vie est un long fleuve tranquille (1988) jusqu’à Tanguy (2001). Le cours de sa carrière décéléra ensuite assez nettement. A 66 ans, le réalisateur tente donc aujourd’hui son grand retour, misant, pour minimiser les risques, sur ce vieux cheval de Tanguy.
Seize ans après que le dadais amorphe et pervers répondant à ce prénom a cristallisé le phénomène de société du jeune sans emploi accroché au foyer parental comme une moule à son rocher, le personnage redébarque donc impromptu chez Paul (André Dussolier) et Edith (Sabine Azéma), ses parents. Il a désormais 44 ans, vient de se faire abandonner par sa femme chinoise, et revient en France, avec à son bras, Zhu, sa fille adolescente qui a visiblement hérité du même patrimoine génétique que son père.
Décor ripoliné
Ils s’installent donc avec armes et bagages chez les parents de Tanguy, qui filaient sans eux la vie parfaite et suffisante de la bourgeoisie aisée : intérieur luxueux, golf quotidien, séries télé sur un écran de rêve, dîners entre amis, entretien physique avec coach privé. Censé trouver du travail, Tanguy traînasse, fait des miettes dans le lit de ses parents, tandis que sa fille ramène à la maison son petit ami pour des parties de jambes en l’air. Paul et Edith, au bout de trois mois de ce régime, se disent qu’il faut réagir et passent à l’action.
Hélas, l’art et la manière de faire rire semblent avoir déserté le film. Tourné dans un décor ripoliné qui sent son théâtre, brodant une trame usée et devenue par surcroît très improbable eu égard à l’âge du héros, recourant à des « running gags » rancis (la prostate du père de Tanguy), exploitant sans compter la médiocrité de ses sujets, il faut bien avouer que le film se traîne désormais sur ce seul fond aigrelet qu’en d’autres temps le réalisateur savait plus efficacement accommoder.
TANGUY, LE RETOUR - Bande-annonce
Durée : 01:28
Film français d’Etienne Chatiliez. Avec Sabine Azéma, André Dussolier, Eric Berger, Emilie Yili Kang (1 h 33). Sur le Web : tanguy-lefilm.fr et www.facebook.com/sndfilms