La Nouvelle-Zélande à la recherche d’une infirmière otage en Syrie
La Nouvelle-Zélande à la recherche d’une infirmière otage en Syrie
Le 13 octobre 2013, Mme Akavi et ses deux collègues syriens se rendaient en convoi à Idleb lorsque des hommes armés avaient arrêté leurs véhicules. Sept personnes avaient alors été kidnappées.
L’infirmière de la Croix Rouge Louisa Akavi. / HANDOUT / REUTERS
La Nouvelle-Zélande a annoncé lundi 15 avril que ses forces spéciales avaient effectué des missions en Syrie pour rechercher l’infirmière néo-zélandaise Louisa Akavi, dont la Croix-Rouge vient de révéler l’enlèvement en 2013.
Les détails du rapt de Mme Akavi et de deux chauffeurs syriens avaient été tenus secrets pendant plus de cinq ans, avant que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne décide dimanche de rompre le silence et de lancer un appel pour savoir ce qu’il est advenu de ses employés.
L’organisation a révélé dimanche avoir su dès le départ que l’infirmière de 62 ans était aux mains du groupe Etat islamique et précisé que les dernières informations « fiables » indiquaient qu’elle était encore en vie à la fin de 2018.
Le vice-premier ministre néo-zélandais Winston Peters a affirmé lundi qu’une opération impliquant une équipe basée en Irak était en cours pour la localiser.
« Elle a impliqué des membres des NZDF (Forces de défense néo-zélandaises) provenant des Forces des opérations spéciales, et ses membres se sont rendus de temps en temps en Syrie quand cela était nécessaire », a-t-il dit. « Cette équipe non-combattante s’est spécialement concentrée sur le fait de localiser Louisa et d’identifier les opportunités de la récupérer. » « Les efforts pour localiser et retrouver Louisa sont en cours, et il y a beaucoup de questions opérationnelles ou de renseignements sur lequel le gouvernement ne va pas faire de commentaire », a ajouté M. Peters.
« Calvaire pour les familles »
Le 13 octobre 2013, Mme Akavi et ses deux collègues syriens, Alaa Rajab et Nabil Bakdounes, se rendaient en convoi à Idleb, dans le nord-ouest où ils devaient fournir du matériel médical, lorsque des hommes armés avaient arrêté leurs véhicules. Sept personnes avaient alors été kidnappées, dont quatre avaient été libérées le lendemain.
Peu après leur enlèvement, le CICR avait précisé que le convoi humanitaire était reconnaissable avec sa croix-rouge sur un fond blanc. L’organisation n’est jamais parvenue à obtenir des renseignements sur le sort des deux chauffeurs syriens. « Ces cinq dernières années et demie ont été un calvaire pour les familles de nos trois collègues. Louisa a la vraie carrure de l’humanitaire pleine de compassion. Très engagés eux aussi, Alaa et Nabil étaient de véritables piliers de nos activités de secours », a expliqué le directeur des opérations du CICR, Dominik Stillhart. « Nous appelons toute personne qui détiendrait des informations les concernant à se manifester. Si nos collègues sont toujours en captivité, nous demandons leur libération immédiate et inconditionnelle », a-t-il dit dans un communiqué.
Louisa Akavi est une infirmière « expérimentée, dévouée et reconnue pour sa force de caractère », qui avait accompli, avant son enlèvement, 17 missions sur le terrain pour la Croix-Rouge néo-zélandaise et le CICR, selon l’organisation.
Elle savait les risques
M. Peters a remercié les médias qui étaient au courant d’avoir gardé le silence. « Dans ces situations, la priorité doit toujours être la sécurité de l’otage et on nous avait clairement dit que toute publicité augmenterait les risques pour Louisa », a-t-il dit. « Le gouvernement est très reconnaissant de la coopération pendant ces années des médias qui ont pris la décision de ne pas publier (…) et nous les remercions pour cette approche de principe. »
Tuaine Robati, porte-parole de la famille Akavi, a déclaré que l’infirmière était parfaitement au courant des risques en Syrie. « Elle a vécu des moments difficiles avant mais elle a continué parce qu’elle aime ça », a-t-il dit. « Louisa est une infirmière et une humanitaire très expérimentée qui connaissait les risques. »
La guerre en Syrie qui a débuté en 2011 après la répression de manifestations prodémocratie a fait plus de 370 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
L’opération militaire menée depuis septembre par les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par une coalition internationale menée par Washington, a abouti à l’annonce le 23 mars de la chute du dernier réduit de l’EI.
Le New York Times rapporte de son côté que la Croix-Rouge a des raisons de penser que l’infirmière est en vie, parce qu’au moins deux personnes ont dit l’avoir vue en décembre dans une clinique de Soussa, un des ultimes bastions de l’EI.
Des témoins avaient dit l’avoir vue pratiquer des soins dans des cliniques sous contrôle de l’Etat islamique, ce qui laissait penser qu’elle n’était alors plus confinée dans une cellule.
Le CICR, qui compte en Syrie 98 expatriés et 580 employés nationaux, espère « que cette période ouvrira de nouvelles opportunités d’en savoir plus » sur la localisation et l’état de santé de Mme Akavi.