Au Liberia, vague de licenciements dans les plantations géantes de Firestone
Au Liberia, vague de licenciements dans les plantations géantes de Firestone
Le Monde.fr avec AFP
La compagnie mondiale de pneumatiques précise que cette décision est « due à la baisse de la production, conséquence de la baisse des cours du caoutchouc ».
Des logements d’ouvriers des plantations de Firestone à Harbel, au Liberia, en octobre 2016. / ZOOM DOSSO / AFP
Le plus gros employeur privé au Liberia, la compagnie de pneumatiques Firestone, a annoncé mardi 16 avril le licenciement de 200 de ses 6 200 employés, qui devrait être suivi de 400 départs supplémentaires, en raison de la chute des cours mondiaux du caoutchouc. « La direction de Firestone Liberia est au regret d’annoncer qu’elle a licencié 200 employés, principalement dans ses plantations » d’hévéas, les plus vastes au monde, a indiqué le géant américain, propriété depuis 1988 du japonais Bridgestone, sur sa propre chaîne de radio créée en 2010, Voice of Firestone Liberia.
Cette décision est « due à la baisse de la production, conséquence de la baisse des cours du caoutchouc sur le marché mondial », indique le groupe, présent depuis 1926 dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, en assurant que les travailleurs licenciés seront indemnisés « conformément au droit du travail libérien ».
Au fil des décennies, les plantations de Firestone à Harbel, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de la capitale Monrovia, sont devenues une véritable communauté, fournissant des services sociaux que le Liberia ne peut pas offrir à ses quelque 4,7 millions d’habitants : logement gratuit, santé, subventions pour les frais scolaires et les repas.
Inquiétude de la population et des autorités
En novembre 2018, les syndicats libériens avaient dénoncé dans un communiqué « des conditions de travail et de vie des travailleurs épouvantables » au sein de l’entreprise. En 2016, la société, qui employait alors 8 000 personnes, avait procédé aux premières vagues de licenciements de son histoire, évoquant déjà la baisse des cours du caoutchouc. En mars, elle a annoncé son intention de se séparer de 800 travailleurs supplémentaires, suscitant l’inquiétude de la population et des autorités.
L’administration du président George Weah, confrontée à une forte inflation et à la chute du dollar libérien depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2018, a obtenu que le nombre de suppressions de postes soit limité à 600, dont les 200 annoncées mardi, selon le gouvernement. Le dirigeant du syndicat des employés de Firestone au Liberia, Abel Ngigie, a dénoncé une décision « injuste » et contraire selon lui aux accords signés entre la direction et les représentants des travailleurs.
La production mondiale de caoutchouc est passée en trois ans de 9 à 13 millions de tonnes (chiffre 2017), mais la demande n’a pas suivi et les cours mondiaux ont chuté de 5 000 dollars (4 400 euros) la tonne à seulement 1 000 dollars (880 euros), entraînant un effondrement des revenus des cultivateurs d’hévéas.