« Quand sort la recluse » : Fred Vargas et ses blaps
« Quand sort la recluse » : Fred Vargas et ses blaps
Par Catherine Pacary
Josée Dayan signe une adaptation fidèle et subtile du roman, servie par une distribution maligne.
Il y a des blaps dans cette histoire de recluse, comprenez des traîtres, des pourris, des cafards dans cette histoire d’araignées qui ne se promènent pas au plafond, mais mordent, trois vieux, et les tuent. Seul problème, une morsure de recluse n’est pas mortelle. Pourtant ils sont bien morts. De cette impossibilité apparente, Quand sort la recluse, téléfilm de Josée Dayan, dont la seconde partie est diffusée mercredi 17 avril sur France 2, tisse plus qu’une quelconque enquête policière : une histoire croisée d’hommes, de femmes et d’animaux, qui ont besoin de temps pour s’apprivoiser et se comprendre. Ce rythme, contenu, et les paysages embrumés ou nocturnes recréent l’atmosphère si particulière de Fred Vargas, auteure de Quand sort la recluse (2017, Flammarion), roman adapté ici par Emmanuel Carrère avec fidélité et subtilité pour notre plus grand plaisir.
On retrouve immédiatement l’amour des mots de l’écrivaine par la richesse de vocabulaire peu usuelle dans ce genre télévisuel – « infatueux », « diverticule »… Une érudition qui convoque André Gide (1869-1951), auteur également fasciné par les contradictions, l’histoire médiévale, Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin, 1887) ou Edmund Burke, politique et philosophe irlandais qui dénonçait « l’inaction des hommes de bien ».
Bestiaire et héros récurrent
Le bestiaire cher à Fred Vargas est ici à l’honneur. Outre l’araignée-titre et ses blaps, un gros chat blanc dort sur une photocopieuse. Dehors, les pigeons côtoient une chèvre.
Héros récurrent, Jean-Baptiste Adamsberg (Jean-Hugues Anglade) mène l’enquête, soutenu par ses fidèles lieutenantes Froissy et Retancourt (respectivement Sylvie Testud et Corinne Masiero, qui doit faire oublier la capitaine Marleau). Le commissaire est toutefois systématiquement contré par son commandant, Danglard (Jacques Spiesser) – dont on appréciera le clin d’œil lorsqu’il se lance sur la trace de Magellan (le navigateur). La distribution soigne aussi ses seconds rôles, avec Elisabeth Depardieu (Irène), Thierry Hancisse, « de la Comédie-Française », en capitaine Voisenet poète, et Pierre Arditi (en professeur).
Ensemble, hommes et bêtes se jouent des mots, les pigeons tentent de ne pas se faire pigeonner et les amoureux roucoulent. Et de s’interroger : les recluses sont-elles anachorètes ou arachnides ?
🕷 Méfiez-vous de sa morsure... Ce soir : #QuandSortLaRecluse, l'adaptation du polar de Fred Vargas. https://t.co/SGT13PT9aC
— France2tv (@France 2)
Fred Vargas revient avec « Quand sort la recluse »
Durée : 23:56
Quand sort la recluse, de Josée Dayan, adapté par Emmanuel Carrère d’après le roman de Fred Vargas (Flammarion). (Fr., 2019, 2 x 90 min). Premier épisode du 10 avril disponible jusqu’au 17 sur France.tv.