Irlande du Nord : « un incident terroriste » soupçonné après le meurtre d’une femme à Londonderry
Irlande du Nord : « un incident terroriste » soupçonné après le meurtre d’une femme à Londonderry
Le Monde.fr avec AFP
Une femme de 29 ans a été tuée dans la nuit de jeudi à vendredi au cours d’échanges de tirs dans le quartier de Creggan. Une enquête a été ouverte.
La scène de crime dans le lotissement de Creggan, à Londonderry. / Niall Carson / AP
Une femme de 29 ans a été tuée, dans la nuit de jeudi 18 à vendredi 19 avril, au cours d’échanges de tirs à Creggan (un quartier du nord de Londonderry), en Irlande du Nord. Une mort traitée « comme un incident terroriste » par la police nord-irlandaise.
« Une enquête pour meurtre a été ouverte », a précisé sur Twitter le commissaire en chef adjoint de la police nord-irlandaise, Mark Hamilton.
ACC Mark Hamilton said: “Sadly I can confirm that following shots being fired tonight in Creggan, a 29 year old wom… https://t.co/Vau31GXpAK
— PSNIDCSDistrict (@PSNI DC&S District)
Selon des images relayées sur Twitter par une journaliste du Belfast Telegraph, la police nord-irlandaise a été la cible de tirs et de jets de cocktails Molotov au cours d’une opération de sécurité dans le quartier.
« Absolument aucune excuse pour attaquer de la sorte les collègues » des forces de police, a écrit sur Twitter la Fédération de la police nord-irlandaise. « Ils protègent cette communauté et ne sont pas là pour leur bien-être personnel. Un tel comportement doit être fermement condamné. »
Un écho à la période des « Troubles »
Arlene Foster, la cheffe du parti unioniste nord-irlandais DUP, a rapidement condamné les faits, évoquant un « acte insensé » et des « nouvelles déchirantes ».
« Ceux qui ont porté des armes à feu dans nos rues dans les années 70, 80 et 90 avaient tort », a-t-elle écrit en référence à la période des « Troubles », des violences qui ont déchiré la province britannique pendant trois décennies, entre républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’Irlande, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique. « Cela reste toujours aussi mal en 2019. Personne ne veut retourner [aux Troubles]. Mes pensées vont également aux officiers courageux qui ont défendu leur communauté. »
Le parti nationaliste irlandais Sinn Fein a également condamné « sans réserve » ces faits, qualifiant le décès de la jeune femme d’« attaque contre toute la communauté, contre le processus de paix, et contre l’accord du Vendredi Saint », signé en 1998 pour mettre fin aux Troubles, en vertu duquel le pouvoir dans la province est partagé entre le Sinn Fein et le DUP. « Nous restons unis dans notre détermination à bâtir un avenir meilleur et pacifique pour tous », a déclaré dans un communiqué Michelle O’Neill, la cheffe du Sinn Fein.
Située à la frontière avec la République d’Irlande, Londonderry, aussi appelée Derry, est tristement célèbre pour le « Bloody Sunday » du 30 janvier 1972. Des soldats britanniques avaient alors ouvert le feu sur des participants à une marche pacifique, faisant quatorze morts, au plus fort des « Troubles », qui ont fait quelque 3 500 morts en trois décennies. En janvier, l’explosion d’une voiture piégée à Londonderry, avait déjà fait craindre une nouvelle flambée de violence venant des groupes paramilitaires, en pleine tension sur le Brexit, un dossier dans lequel la frontière irlandaise constitue l’un des principaux point d’achoppement.