« StreetPress » fait appel aux dons de ses lecteurs
« StreetPress » fait appel aux dons de ses lecteurs
Par Alexandre Berteau
Le média « urbain », lancé en 2009, souhaite être moins dépendant de son activité d’agence de contenus pour se consacrer aux enquêtes et documentaires.
La rédaction de « StreetPress ». / Yann Castanier
Après dix ans d’indépendance, le média en ligne StreetPress compte sur la générosité de ses lecteurs pour la conserver encore longtemps. Le site d’enquêtes et de reportages « générationnel » – celle des 20-35 ans – va proposer aux internautes de le soutenir financièrement par un don de 4 à 12 euros par mois. Ses contenus resteront toutefois accessibles gratuitement, « pour que les causes que l’on défend ne soient pas réservées à ceux qui peuvent donner », précise son fondateur Johan Weisz-Myara.
C’est par ces « engagements », du féminisme à la mise en lumière des quartiers populaires, en passant par les violences policières et les droits des réfugiés, que StreetPress a construit son identité. Le média « urbain » et sa rédaction de sept journalistes permanents, pour une cinquantaine de collaborateurs réguliers, traite aussi de culture, à travers notamment ses interviews filmées de rappeurs.
Au fil de ses enquêtes fleuves, StreetPress s’est taillé une place de choix parmi les sites d’information. Ses révélations sur la Ligue de défense juive, sur les sessions de recrutement de Pôle emploi inspirées du télécrochet The Voice, ou bien encore sur les migrants transférés en jet privé de Calais à d’autres centres de rétention en France pour désengorger la « jungle », ont ainsi contribué à sa notoriété. Sur un registre plus léger, l’interview, en 2017, de Benoît Hamon, alors candidat aux primaires socialistes, dans un kebab avait aussi été largement partagée.
Un objectif de 350 000 euros de dons par an d’ici à 2021
Pour financer ses articles et ses documentaires, StreetPress dépend aujourd’hui des revenus de son agence de contenus. Ses équipes produisent, par exemple, les magazines du Secours populaire et du syndicat des jeunes médecins, ou des vidéos pour des ONG, des institutions et des marques. Le média tire 80 % de ses recettes de cette activité, le reste provenant de la publicité vendue sur son site et dans les pages de ses « guides urbains » dédiés à des quartiers de Paris et de sa banlieue.
La petite rédaction veut désormais faire évoluer ce modèle économique. Car « la limite de cette activité d’agence, c’est que notre énergie n’est pas entièrement dédiée à la rédaction d’enquêtes », explique M. Weisz-Myara. Pour pouvoir se consacrer à son cœur de métier – un fonctionnement « plus sain », selon son fondateur – StreetPress ambitionne donc de convaincre 10 000 de ses fidèles de devenir des « supporters » financiers d’ici à deux ans, pour atteindre 350 000 euros de dons chaque année. Une somme considérable : l’entreprise prévoit un chiffre d’affaires de 450 000 euros en 2018, après 516 000 un an plus tôt.
Si les lecteurs répondent à l’appel, de nouveaux journalistes pourraient rejoindre la rédaction. Le site pourra les trouver parmi la trentaine de jeunes formés chaque année dans la « Streetschool », l’école qu’il a lancée en 2012 pour « créer une diversité sociale, culturelle et géographique » dans les médias. Et si son modèle se transforme, le « combat » de StreetPress reste, lui, le même, insiste M. Weisz-Myara : « que ses engagements journalistiques irriguent tous les médias classiques ».