Luckin Coffee, la chaîne chinoise qui aspire à détrôner Starbucks
Luckin Coffee, la chaîne chinoise qui aspire à détrôner Starbucks
Par Simon Leplâtre (Shanghaï, correspondance)
Seulement deux ans après sa fondation, l’entreprise, qui vise plutôt la vente à emporter, espère lever jusqu’à 800 millions de dollars lors de son introduction en Bourse à New York, courant mai.
Un magasin Luckin Coffee, à Pékin, en janvier 2019. / WANG ZHAO / AFP
Seulement deux ans après l’ouverture de son premier point de vente en Chine, Luckin Coffee a lancé, lundi 22 avril, les procédures d’introduction à la Bourse de New York. D’après Reuters, l’entreprise compte lever, courant mai, entre 500 millions et 800 millions de dollars (entre 449 et 718 millions d’euros), un chiffre qui la valoriserait à 4,5 milliards de dollars.
Il s’agit d’un pari sur l’avenir. Le groupe espère s’imposer sur un marché en pleine croissance et détrôner le leadeur, Starbucks. Le café, symbole de l’appartenance à la classe moyenne, est à la mode en Chine, mais reste peu consommé : 83 grammes par personne et par an en moyenne, contre plus de 5 kilogrammes en France, d’après l’Organisation internationale du café.
Presque invisibles il y a un an, les tasses en carton bleues marquées d’un élan blanc, le logo de la marque, sont désormais courantes dans les mains des cols blancs de Shanghaï. Fin mars, l’entreprise comptait déjà 2 370 points de vente dans 28 villes chinoises.
Établissements basiques
Starbucks, numéro un du secteur en Chine, est, de son côté, présent dans 150 villes avec 3 700 magasins, mais, au cours des vingt dernières années, l’américain a développé son réseau de manière prudente . Face à lui, Luckin Coffee progresse à un rythme effréné, ouvrant un magasin toutes les 3 h 30. Il devrait dépasser Starbucks avec 4 500 pas-de-porte d’ici à la fin de l’année. Ce développement a un prix : l’entreprise a perdu 423 millions d’euros l’année dernière, pour un chiffre d’affaires de 111 millions d’euros.
Les établissements de Luckin Coffee sont basiques – une pièce, un comptoir, mais pas de quoi s’asseoir. L’enseigne vise la vente à emporter et la livraison à domicile ou au travail. Même en magasin, la commande se fait en ligne, sur l’application ou par un « miniprogramme » du réseau social WeChat, ce qui permet à la marque d’engranger les données personnelles de ses clients. Le café est aussi simple que les boutiques : très torréfié et peu savoureux.
Sortant d’une enseigne un Americano à la main, à Zhongshan Park, dans le centre de Shanghaï, une quadragénaire employée dans le marketing justifie son achat : « Ce n’est pas cher ! », s’exclame-t-elle. Mais elle doute de l’avenir de la marque : « Chez Starbucks, on peut se retrouver avec des amis, le cadre est sympa. Quel avantage aura Luckin quand il n’y aura plus de réduction ? ». L’arrivée de l’enseigne aura au moins poussé Starbucks à se remettre en question. Il y a un an, la chaîne américaine s’est mise à la livraison, un « must » en Chine, grâce à un partenariat avec Alibaba.
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