Paris, Hongkong… Portraits de villes par le photographe Michael Wolf
Paris, Hongkong… Portraits de villes par le photographe Michael Wolf
Par Vassili Feodoroff
Le photographe allemand est mort mardi 23 avril à l’âge de 64 ans. Retour sur cinq séries qui ont marqué son œuvre.
Michael Wolf, photographe célèbre pour son travail sur les mégalopoles, est mort mardi 23 avril à l’âge de 64 ans. Un décès qui serait survenu dans son sommeil, a annoncé Sarah Greene, la directrice d’une galerie d’art d’Hongkong où il exposait. Son travail couvrait Tokyo, Chicago et Paris. Mais, pour Sarah Greene, sa ville préférée était Hongkong, où il avait emménagé en 1994.
Wolf est né à Munich, en Allemagne. Il a grandi au Canada et aux Etats-Unis avant de rentrer en Allemagne pour étudier la photographie, puis de s’installer à Hongkong, où il a commencé à travailler comme photojournaliste, avant de se concentrer sur ses propres projets en 2001. Il est notamment connu pour son travail sur la ville, qu’il photographie dans son immensité et son intimité.
Retour sur cinq séries qui ont marqué son œuvre :
« ARCHITECTURE OF DENSITY »
« Architecture of Density #43 », 2005 / Michael Wolf / La Galerie Particulière
Son projet Architecture of Density donne à voir la ville d’Hongkong dépourvue de ciel et d’horizon. La mégalopole est une des villes les plus densément peuplées du monde : près de 6 700 habitants par kilomètre carré. Sans en montrer les habitants, il parvient, avec cette série photographique, à raconter l’immensité de la ville à travers des immeubles plein cadre qui font perdre la perception de l’échelle de la ville. En exposition, les tirages dans une taille proportionnelle à l’immensité de la ville permettaient aux spectateurs de découvrir des traces de vie dans les détails de ces immeubles à perte de vue.
« TRANSPARENT CITY »
« The Transparent City Details #13 », 2007
Après Hongkong, c’est à Chicago que l’artiste est allé continuer son travail sur les villes. Il y a aussi photographié les façades d’imposants immeubles mais s’est également attaché à en faire ressortir les détails. Pour réaliser ses photos, il a utilisé un appareil photo à très grande définition, ce qui lui a permis de faire des grands zooms dans l’image et en révéler des détails. Cet échange entre le détail et le paysage donne une intimité à la grandeur de ses photographies urbaines.
« PARIS STREET VIEW »
« Paris Street View #6 », 2009 / Michael WOLF/LAIF-REA / Michael WOLF/LAIF-REA
Pour Paris Street View, Michael Wolf s’intéresse toujours à la ville, mais son procédé photographique diffère. En effet, ici, c’est à travers le service « Street View » créé par Google qu’il nous montre Paris. En y parcourant les rues de la ville derrière un écran, il cherche à rendre une vision contemporaine de Paris dont chaque monument, chaque rue, chaque terrasse de café a déjà été immortalisé par les plus grands noms de la photographie, dʼEugène Atget à Willy Ronis et Robert Doisneau.
« PARIS ROOFTOP »
« Paris Rooftop #1 », 2014 / Michael Wolf / La Galerie Particulière
En regardant Paris, Michael Wolf se posait la question de comment apporter une vision différente d’une ville qui architecturalement a peu évolué depuis plus d’un siècle ? Après les façades d’Hongkong, il s’est intéressé aux fameux toits parisiens. Des dizaines de terrasses en hauteur seront ainsi visitées au cours de l’été et de l’automne 2014. Il en résulte une série où les sommets des immeubles parisiens, isolés du ciel qu’ils tutoient, deviennent matière à une photographie parfois abstraite. Mais comme toujours dans le travail de Michael Wolf, la présence humaine n’est jamais loin : en regardant avec précisions les détails de certaines photographies, on devine la vie qui s’immisce entre les toits et les cheminées.
« THE REAL TOY STORY »
L’installation « The Real Toy Story » à Honk Kong le 02 novembre 2004. / PHILIPPE LOPEZ / AFP
C’est en travaillant sur le reportage « Chine : l’usine du monde » pour le magazine allemand Stern que lui est venue l’idée de son projet The Real Toy Story, qui est une installation. Il a couru les marchés aux puces en Asie, en Europe et aux Etats-Unis pour collecter plus de 20 000 vieux jouets. Collés au mur, ces derniers encadrent d’impressionnants portraits d’ouvriers et d’ouvrières chinois qui, employés dans d’immenses usines, tentent d’apaiser l’appétit du monde pour les produits en plastique bon marché.