La reprise des Fonderies du Poitou par le groupe Liberty House validée par la justice
La reprise des Fonderies du Poitou par le groupe Liberty House validée par la justice
Par Laurent Favreuille (Poitiers, correspondant)
Sur les 732 emplois des deux fonderies, plus de 600 devraient être conservés. Renault, qui sous-traite avec ces deux usines, s’est engagé à un volume de commandes durant quatre ans.
Une salariée de la Fonderie du Poitou Fonte, à Ingrandes-sur-Vienne, en janvier 2012. / ALAIN JOCARD / AFP
Pour les quelque 732 salariés des deux fonderies jumelles d’Ingrandes-sur-Vienne, c’est l’épilogue d’un long feuilleton économico-judiciaire : vendredi 26 avril, les tribunaux de commerce de Lyon et Poitiers ont annoncé qu’ils validaient le rachat des deux usines poitevines par le groupe anglo-indien Liberty House. « C’est un soulagement », commente Jean-Philippe Juin, le délégué syndical CGT de Saint-Jean Industries Poitou, avant d’ajouter : « On attendait depuis longtemps la décision… Aujourd’hui, c’est tombé : c’est Liberty House. Mais il y aura une vigilance à avoir car on ne connaît pas les détails de leur plan de diversification. »
La société Saint-Jean Industries Poitou (dont la maison mère est basée dans le Rhône) avait été placée en redressement judiciaire le 29 novembre 2018. Le 8 février 2019, c’est la Fonderie du Poitou Fonte qui avait connu le même sort. Sous-traitantes du constructeur automobile Renault, auquel elles fournissent des culasses et des carters de moteur, l’une comme l’autre sont frappées de plein fouet par la crise du diesel.
Le 8 mars, répondant à la mobilisation des fondeurs et aux interpellations des élus du Châtelleraudais, la secrétaire d’Etat à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, avait fait le déplacement à Ingrandes-sur-Vienne. Elle est revenue dans la Vienne, vendredi, à l’heure du dénouement :
« Aujourd’hui, nous avons trouvé une solution de reprise qui permet de préserver plus de 600 emplois. On est au-delà de ce qu’on espérait faire il y a un mois. Je veux saluer ici l’ensemble des acteurs qui ont permis cette victoire, parce qu’il faut le reconnaître comme une victoire. »
Des salariés sur le départ
Le plan de reprise présenté par Liberty House prévoit, en effet, de conserver 295 salariés sur les 331 de Saint-Jean Industries Poitou (ex-Fonderie du Poitou Aluminium) et 328 sur les 401 travaillant à la Fonderie du Poitou Fonte. Ces 109 postes supprimés ne devraient néanmoins pas se traduire par un même nombre de licenciements secs : « Les 36 suppressions à l’alu sont couvertes par des départs volontaires, détaille Jean-Philippe Juin. Mais à la fonte, pour le moment, il devrait y avoir 16 départs contraints sur les 73 postes supprimés… Il y a une négociation en cours pour tenter de limiter ce chiffre à 6 ou 7. »
Liberty House prenant possession des deux fonderies du Poitou le 2 mai, les salariés qui ne seront pas repris pourraient quitter l’entreprise dès la semaine du 29 avril. « L’Etat et la Région accompagneront Liberty House avec les élus, a assuré Agnès Pannier-Runacher. Il faut aussi accompagner les salariés car même si, pour l’essentiel, ce sont des départs volontaires, il faut accompagner leur rebond. Là aussi, on sera très attentif à ce que cela se déroule de la meilleure façon. Et, de manière générale, nous déployons un plan pour accompagner les entreprises du diesel et leur donner les moyens de diversifier leur production. »
Les audiences devant les tribunaux de commerce de Lyon et Poitiers avaient été reportées à trois reprises, ces dernières semaines, afin de permettre à Liberty House et à Renault de parvenir à un accord. Celui-ci était indispensable à la levée des conditions suspensives assorties à l’offre de reprise du groupe britannique. Signé le 19 avril, cet accord prévoit notamment un engagement du constructeur automobile sur des volumes de commandes durant quatre ans et implique, de sa part, une prise en charge des coûts liés à la présence d’amiante dans les deux usines.
« Liberty House, de son côté, s’engage à investir 4 millions d’euros dans les vingt-quatre premiers mois pour la remise en état de l’outillage et un million pour la maintenance, détaille Jean-Philippe Juin. Et même si on sait que Renault soutiendra l’activité durant quatre ans, il va falloir que Liberty trouve rapidement de nouvelles pièces à fabriquer. »
Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s’est, quant à lui, engagé à mobiliser 2,8 millions d’euros pour accompagner la diversification de la Fonderie du Poitou Fonte.