La joueuse de Chelsea Millie Bright face à Ada Hegerberg de l’Olympique lyonnais, lors du match aller, le 21 avril. / EMMANUEL FOUDROT / REUTERS

Pour se qualifier pour la finale de la Ligue des champions féminine, Chelsea va devoir réaliser une double performance. Si le club londonien veut accéder à la première finale européenne de son histoire, il lui faudra remonter à domicile, dimanche 28 avril (à partir de 15 heures), une défaite 2-1 concédée en demi-finales aller. Mission d’autant plus compliquée quand on connaît son adversaire : l’Olympique lyonnais, triple champion d’Europe en titre, qui a probablement du mal à se souvenir à quand remonte une élimination à ce stade de la compétition.

Il faut dire que pour les Rhôdaniennes, cela remonte à presque dix ans : c’était l’édition 2009, et la Ligue des champions ne s’appelait pas encore Ligue des champions mais Coupe féminine de l’UEFA. Depuis les joueuses du président Jean-Michel Aulas restent sur un parfait 7/7 lorsqu’elles ont participé à des demi-finales (elles ont été éliminées en huitièmes de finale en 2014 et 2015), avec cinq trophées remportés à l’arrivée 2011, 2012, 2016, 2017, 2018).

Pourtant, les Londoniennes veulent y croire. A l’issue du match aller, leur entraîneure, Emma Hayes promettait un match retour très compliqué aux Lyonnaises :

« Nous avons marqué ce but que j’estime mérité. J’étais contente, mais nous aurions dû en marquer un deuxième et c’est en cela que je suis déçue du résultat. Je crois que nous étions aujourd’hui meilleures que Lyon et nous avons fait preuve de courage et de conviction. Le but à l’extérieur fait que le retour sera très animé. Ce sera très dur pour Lyon chez nous. »

Une préparation atypique

Dans le cadre de leur préparation, les Londoniennes ont reçu la visite de Susan Pollock, une survivante de l’Holocauste. Et Emma Hayes, à l’origine de cette rencontre, estime qu’il y a beaucoup de choses à retenir de cet entretien, rapporte le Guardian : « C’était un rappel à tout le groupe, aujourd’hui, une preuve de l’importance de la ténacité. Il en faut énormément dans les moments difficiles, et elle en a beaucoup connu. »

Le tout avant de rappeler que cette ténacité sera absolument nécessaire contre Lyon, dimanche.

« Nous ne sommes pas folles. On sait que Lyon se lancera corps et âme contre nous. Elles ont leurs stars, elles ont beaucoup d’argent et de titres derrières elles. Elles ont une énorme confiance en leurs capacités, et elles feront tout ce qu’elles peuvent. Mais notre équipe en fera tout autant. Nous sommes assez fortes. Nous sommes prêtes. Nous sommes compétentes. J’ai toujours dit qu’il faudrait des années avant qu’une équipe anglaise soit capables de leur tenir la dragée haute. Nous montrons que nous nous en rapprochons. Il faut souffrir, montrer que l’on peut encaisser les coups, être tenaces, et rendre coup pour coup. »

Lyon n’oublie rien

Les propos initiaux de l’entraîneure anglaise ont bien été retenus par les Lyonnaises. Amandine Henry et Jean-Michel Aulas semblent d’ailleurs convaincus que cela risque de donner une source supplémentaire de motivation aux Fenottes : « La coach de Chelsea pense ce qu’elle veut. On montrera au retour qu’on est meilleures », a résumé la milieu de terrain française à l’issue du match aller.

Il faut dire que Lyon a suffisamment de talent pour répondre sur le terrain, et un certain passif en la matière. L’Equipe rappelle notamment que la dernière équipe à avoir tenté de provoquer les Lyonnaises l’a amèrement regretté ensuite : « L’OL s’était notamment transcendé contre le PSG le 14 avril (5-0), en se nourrissant de déclarations parisiennes avant le match. Elles n’ont encore rien gagné et elles parlent comme si elles avaient fait beaucoup de choses. Ça nous a vexés, avait lâché la gardienne lyonnaise Sarah Bouhaddi en après-match, avant que les Fenottes immortalisent ostensiblement leur manita par une photo de groupe. »

Les Lyonnaises l’ont déjà fait

Tout cela, sans compter le fait que les Lyonnaises arrivent en pleine confiance, après leur titre de championnes de France acquis en milieu de semaine. « Ce groupe peut encore s’améliorer, progresser, expliquait l’attaquante Ada Hegerberg, après le titre lyonnais, mercredi. Ce n’est pas parce qu’on a encore gagné le championnat qu’il faut se relâcher. Au contraire, cela doit nous motiver pour aller en chercher d’autres. C’est bien pour la confiance d’avoir gagné ce titre avant le match à Chelsea dimanche, mais chaque compétition est différente. »

Cette sensation de n’en avoir jamais assez a déjà permis aux Rhôdaniennes de remporter les treize derniers championnats de France, six des sept dernières Coupes de France et les trois dernières Ligues des champions.

Alors Chelsea peut-il y croire ? Dominées lors du match aller, les Londoniennes ont inscrit un but précieux à l’extérieur, en fin de rencontre pour limiter la défaite à seulement 2-1. Malheureusement pour elles, en face, les Lyonnaises ont déjà montré que ce mince espoir n’était pas toujours suffisant. Contre Wolfsburg, au tour précédent, Lyon avait déjà remporté 2-1 son match aller, avant d’aller battre plus sèchement encore les Allemandes au match retour (4-2).