Gaspard Glanz au tribunal de grande instance de Paris le 29 avril 2019. / MARTIN BUREAU / AFP

Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé, lundi 29 avril, la levée du contrôle judiciaire du journaliste indépendant Gaspard Glanz au motif que l’ordonnance du juge de la liberté et de la détention est irrégulière car insuffisamment motivée.

Comme l’avait relevé l’avocat de Gaspard Glanz, Me Raphaël Kempf, ni le parquet ni surtout le juge des libertés et de la détention n’avaient explicité les raisons de ce contrôle judiciaire qui interdisait à son client de paraître à Paris tous les samedis et le 1er-Mai jusqu’à la date de son procès fixée au 18 octobre pour « outrage à personne dépositaire de l’ordre public ».

A l’audience, le procureur a reconnu cette insuffisance de motivation. Il n’en avait cependant pas tiré les conséquences en demandant au tribunal de maintenir ce contrôle judiciaire pour « éviter la réitération » des faits reprochés à Gaspard Glanz. « Si c’est pour éviter la réitération d’un doigt d’honneur, alors pourquoi la limiter aux samedis à Paris ? », avait ironisé Me Kempf.

A la tête de l’agence Taranis News, le journaliste avait été placé en garde à vue samedi 21 avril à l’occasion de l’acte XXIII des « gilets jaunes » après avoir été interpellé place de la République à Paris. Sur une vidéo diffusée sur Youtube, on le voit apostropher les forces de l’ordre et affirmer avoir été visé par une grenade de désencerclement. Le journaliste leur fait ensuite un doigt d’honneur après avoir été poussé par un policier.

En sortant de garde à vue, le journaliste avait annoncé à la presse qu’il se « rendrait, malgré l’interdiction, à la manifestation de samedi (27 avril) et à celle du 1er-Mai ». Il avait toutefois renoncé à se rendre dans la capitale le week-end dernier et était finalement présent à Strasbourg, pour une manifestation de « gilets jaunes ».

Affaire Gaspard Glanz : soutien de plusieurs sociétés de journalistes et rédacteurs

Samedi dernier, alors qu’il couvrait la manifestation des « gilets jaunes », notre confrère Gaspard Glanz a été interpellé sans ménagement et placé en garde à vue pendant quarante-huit heures. D’après les témoignages recueillis et publiés depuis, il a eu un mouvement d’humeur à destination de policiers, ces derniers refusant de l’entendre, alors qu’il voulait se plaindre d’avoir été visé par un tir de grenade. Il lui est désormais interdit de paraître à Paris les samedis et le 1er-Mai, donc d’y couvrir les manifestations, jusqu’à sa comparution pour « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique » le 18 octobre, ce qui revient à lui interdire de faire son travail de journaliste.

Les sociétés de journalistes et de rédacteurs signataires, qui apportent leur plein soutien à Gaspard Glanz, empêché de couvrir les prochaines manifestations parisiennes, c’est-à-dire de travailler et d’informer, dénoncent une fois encore les conditions de travail extrêmement difficiles qui sont les leurs dans le cadre des manifestations de « gilets jaunes ». Une situation particulièrement difficile pour les journalistes indépendants et les photographes, souvent en première ligne. Les journalistes, qui ne font que leur métier, ne peuvent pas tolérer de se voir régulièrement pris pour cible par les forces de l’ordre : depuis le début du mouvement, 79 journalistes ont été victimes de violences policières, selon le décompte du journaliste David Dufresne, et la nouvelle loi anticasseurs renforce encore l’arbitraire et met un peu plus en danger la liberté de la presse.

Les SDJ et SDR déplorent également le silence assourdissant du ministre de la culture et de la communication, pourtant censé soutenir la liberté et l’indépendance de la presse.

Les sociétés des journalistes et des rédacteurs de BFM-TV, Les Echos, L’Express, Le Figaro, France 2, France 3 National, France 24, Franceinfo.fr, France Inter, Le JDD, L’Humanité, Libération, Mediapart, Le Monde, L’Obs, Le Parisien-Aujourd’hui en France, Paris Match, Premières Lignes, RFI, RMC, TV5 Monde, Télérama, Sud-Ouest.