Julian Assange condamné à près d’un an de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire au Royaume-Uni
Julian Assange condamné à près d’un an de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire au Royaume-Uni
Le cofondateur de WikiLeaks s’était réfugié pendant sept ans dans l’ambassade d’Equateur à Londres pour éviter d’être extradé.
Manifestation à Londres en soutien à Julian Assange, le 1er mai. / HENRY NICHOLLS / REUTERS
Le cofondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a été condamné à cinquante semaines de prison par un tribunal londonien, mercredi 1er mai, pour violation des conditions de sa liberté provisoire, après s’être réfugié pendant sept ans dans l’ambassade d’Equateur à Londres.
M. Assange avait obtenu l’asile dans l’ambassade d’Equateur en 2012 pour éviter de se présenter à la justice britannique et d’être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol. Dans le pays nordique, la plainte pour agression sexuelle a été frappée par la prescription en 2015, puis le pays a abandonné les poursuites dans une deuxième affaire en mai 2017, faute de pouvoir faire avancer l’enquête avec Julian Assange, réfugié dans l’ambassade. Mais à l’annonce de son arrestation, l’avocate de la plaignante a réclamé la réouverture de l’enquête.
Mais après sept ans passés entre les murs de l’ambassade sud-américaine, Julian Assange en a été délogé par la police britannique le 11 avril, avec l’autorisation de Quito. Apparaissant vieilli et affaibli lors de son arrestation, avec une longue barbe hirsute et blanche, l’Australien de 47 ans avait comparu dans la foulée au tribunal de Westminster à Londres, qui l’a déclaré coupable et a requis la peine maximale dans ce dossier, soit un an de prison. Il est détenu depuis à la prison de Belmarsh, dans le sud-est de Londres.
Julian Assange a toujours affirmé s’être soustrait à la justice britannique de peur non pas d’être extradé vers la Suède mais de finir aux Etats-Unis, qui l’accusent de « piratage informatique ». Il comparaîtra de nouveau jeudi pour une audience justement consacrée à la demande d’extradition de Washington.
Les responsables britanniques divisés
Au Royaume-Uni, l’affaire divise. L’opposition travailliste a appelé le gouvernement à s’opposer à la demande américaine, soutenant que Julian Assange a contribué « à exposer des preuves d’atrocités en Irak et en Afghanistan » attribuées à l’armée américaine. Le gouvernement conservateur s’est de son côté attaché à présenter Assange en justiciable comme les autres. « Personne n’est au-dessus des lois », a ainsi déclaré la première ministre, Theresa May, tandis que le chef de la diplomatie, Jeremy Hunt, a jugé qu’il n’était « pas un héros ».
Son avocate Jennifer Robinson a annoncé que son client allait « contester et combattre » la demande d’extradition américaine, jugeant que son arrestation créait « un dangereux précédent pour les organes de presse et les journalistes » dans le monde. Julian Assange est inculpé par la justice américaine d’association de malfaiteurs en vue de commettre un « piratage informatique », passible d’une peine maximale de cinq ans de prison, pour avoir aidé l’ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense.
Mais « il n’y a aucune garantie qu’il n’y aura pas d’accusation supplémentaire [une fois] sur le sol américain », selon le rédacteur en chef de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson. Un scénario toutefois improbable selon l’avocat spécialiste des extraditions Ben Keith, qui invoque « une protection spécifique du droit international en matière d’extradition empêchant de poursuivre quelqu’un avec des chefs d’accusations supplémentaires ».
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