Un bus électrique raccordé à une borne de charge en octobre 2017. / FRED TANNEAU / AFP

Paris et Berlin accélèrent pour leur projet d’« Airbus des batteries ». Entre cinq et six milliards d’euros vont être investis au total dans ce projet européen de construction de batteries automobiles, ont annoncé, jeudi 2 mai, les ministres français et allemand de l’économie, Bruno Le Maire et Peter Altmaier.

Cette somme totale sera constituée à hauteur de « 1,2 milliard d’euros au maximum » de subventions publiques – auxquelles la Commission européenne a donné son accord de principe – et de « quatre milliards d’euros environ d’argent privé », a précisé M. Le Maire lors d’une conférence de presse avec son homologue allemand et le Commissaire européen à l’énergie, Maros Sefcovic.

200 emplois dans une usine pilote en France

Selon les ministres, ce projet – entamé voilà dix-huit mois par la France et par l’Allemagne en référence au géant européen de l’aéronautique – va déboucher sur le lancement en France d’une usine pilote comptant 200 emplois au cours des prochains mois, puis de deux usines de production, en France et en Allemagne, susceptibles de créer 1 500 emplois chacune.

« C’est une étape majeure dans la longue histoire de notre industrie européenne », a souligné M. Le Maire, pour qui ce projet montre que l’Europe « n’est pas condamnée à dépendre des importations technologiques des deux grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Chine ».

D’après M. Altmaier, plusieurs entreprises européennes ont d’ores et déjà fait part de leur souhait d’intégrer le futur consortium, dont le groupe automobile PSA et sa filiale Opel et le fabricant français de batteries Saft, appartenant au groupe Total.

« Aujourd’hui, nous avons un intérêt plus élevé que jamais », a déclaré M. Altmaier, en assurant disposer de « 35 réponses positives, y compris de grands producteurs automobiles ». « Les consortiums ne sont pas composés par l’Etat, ils ne sont pas composés par les ministres ou par la commission », a toutefois insisté le ministre, en rappelant que les industriels et les constructeurs européens étaient « à l’origine de ce projet ».

Retard abyssal face à la Chine

Selon Bruno Le Maire, « d’autres Etats membres » de l’Union européenne ont, par ailleurs, « déjà manifesté leur souhait de rejoindre le projet ». « Je pense à l’Italie, à la Belgique, à la Pologne, à l’Autriche, à la Finlande », a-t-il détaillé.

Cette alliance européenne doit permettre à l’Europe de combler son retard abyssal, notamment face à la Chine. D’autant que les ventes de voitures électriques devraient décoller dans l’Union européenne, dopées par les restrictions d’émissions. La production de cellules de batteries est aujourd’hui contrôlée par une poignée de groupes asiatiques, tandis que l’industrie automobile ne développe, pour l’instant, que les moteurs électriques et certains composants électroniques.

« Le temps presse », a souligné jeudi le commissaire européen à l’énergie, qui voit dans ce projet un « enjeu stratégique pour accélérer la transition écologique » et la « compétitivité globale » de l’Union européenne.

« La Commission européenne continuera de jouer le rôle de facilitateur », a assuré M. Sefcovic, en déclarant que Bruxelles pourrait donner son « feu vert » formel à l’octroi de subventions publiques à ce projet d’ici le mois d’octobre.