« Game of Thrones », saison 8 épisode 4 : « les pénis sont-ils importants ? » ou le retour du politique
« Game of Thrones », saison 8 épisode 4 : « les pénis sont-ils importants ? » ou le retour du politique
Par Audrey Fournier
Sans rivaliser avec le désormais culte « La Longue Nuit », ce quatrième épisode de l’ultime saison prépare efficacement un dénouement que l’on devine bien sombre.
Avertissement : cette chronique contient des spoilers.
Emilia Clarke (Daenerys Targaryen) dans une scène de l’épisode 4. / Helen Sloan / AP
Une bataille telle que celle mise en scène dans l’épisode 3, devenu culte dès sa diffusion, méritait des funérailles à la hauteur. Elles le sont, dans la séquence qui ouvre ce quatrième épisode de l’ultime saison de Game of Thrones, qui voit les héros de La Longue Nuit rendre un sobre mais émouvant hommage aux courageux tombés sur le champ de bataille : Jorah et Lyanna Mormont, Theon, Beric… et les autres, autant de corps alignés sur les bûchers bientôt allumés par les – étonnamment nombreux – survivants. Il est rare que GoT, série de pouvoir et de puissants, s’intéresse au peuple. Rassurons-nous, cela ne dure pas bien longtemps. La bataille contre les Morts étant remportée, celle contre la plus morbide de tous les vivants – Cersei Lannister – ne saurait être perdue.
Parti pris féministe
Un temps de célébration suit toutefois le temps du recueillement. Lors de cette séquence, au cours de laquelle les combattants vident leur tête et ouvrent leur cœur dans l’alcool (ou dans le café, les téléspectateurs attentifs ayant cru apercevoir un gobelet Starbucks oublié sur une table…), la série retourne très habilement à ses premières amours, l’analyse des rouages du pouvoir, et adopte, pour ce faire, un parti pris ouvertement féministe, parfaitement cohérent avec les précédents épisodes.
L’orgie, qui devrait être un moment léger, voit pourtant les hommes célébrés et les femmes cruellement isolées : Arya par son tempérament de loup solitaire, Sansa par sa méfiance et ses traumatismes passés, Daenerys par son ascendance étrangère et son obsession pour le Trône de fer. Ironiquement, c’est elle qui paiera le plus lourd tribut dans cet épisode, qui lui est presque entièrement consacré. Mais on y verra aussi la tueuse du Roi de la nuit, fidèle à elle-même, refuser une demande en mariage et la désormais chevalière Brienne de Torth ôter enfin son armure et s’abandonner dans les bras de Jaime Lannister.
Mais cette parenthèse festive ne dure que le temps d’une nuit. Maintenant que les Morts ont été renvoyés à leur statut de… morts, les langues se délient à Winterfell et d’aucuns disent que, si les dragons de la dame sont bien utiles quand il s’agit de souffler un ennemi, Jon Snow a un peu plus l’étoffe d’un roi : « les gens sont attirés par lui », « c’est un héros de guerre », « les pénis sont importants »… Winterfell se divise alors entre les « néoconservateurs » partisans de Daenerys et les légitimistes, bientôt unis par la révélation de la véritable identité de Jon Snow, qui ouvre la porte à toutes les trahisons. Et les deux conseillers de Daenerys, Tyrion Lannister et Lord Varys, qui retrouve ici un cynisme dont il semblait s’être défait, ont bien du mal à s’accorder sur la stratégie à adopter pour remporter la « dernière guerre » qui les attend à Port-Réal.
Monna Lisa aux faux airs de Claire Underwood
Les ficelles sont grosses et on regrettera certains tours de passe-passe narratifs (notamment celui qui fait endosser à Sansa un bien vilain rôle…) et, une fois encore, des choix absurdes d’un point de vue de la stratégie militaire (un dragon en fera les frais… un dragon !), mais cet épisode a le mérite de nous laisser respirer et, surtout, trépigner en attendant un dénouement dont les scénaristes se sont très clairement amusés à faire en sorte qu’il soit impossible à deviner.
Une heure treize plus tard, l’épisode s’achève par une décapitation glaçante, sidérant autant les téléspectateurs que les personnages à l’écran, et le visage fulminant d’une Mère des dragons remontée à bloc. Mais autant l’armée des Morts était un ennemi lisible, autant le néronisme de Cersei Lannister, à qui la coupe courte et le demi-sourire de Monna Lisa donnent de faux airs de Claire Underwood, la rend plus imprévisible que jamais. Il reste deux épisodes à Game of Thrones pour hisser la « dernière guerre » à la hauteur de La Longue Nuit. Les dernières minutes de l’épisode 3 laissent entrevoir une fin bien sombre.
Game of Thrones, le lundi sur OCS à 21.00, disponible à la demande.
Game of Thrones : le résumé de la série saison par saison
Durée : 13:21