Des juges vont enquêter sur la fraude comptable dans l’ex-holding de William Saurin
Des juges vont enquêter sur la fraude comptable dans l’ex-holding de William Saurin
Le Monde.fr avec AFP
Le groupe Financière Turenne Lafayette avait dû être lourdement restructuré après la découverte, fin 2016, de dix ans de comptes truqués. L’ardoise de cette vaste fraude porte sur près de 300 millions d’euros.
Plus de deux ans après la découverte d’une vaste fraude comptable portant sur près de 300 millions d’euros, des juges d’instruction parisiens vont enquêter sur le scandale des comptes truqués de l’ex-maison mère du groupe William Saurin, la Financière Turenne Lafayette, a appris, vendredi 10 mai, l’Agence France-Presse (AFP) de source judiciaire.
Le parquet de Paris, qui a mené près de deux ans et demi d’enquête préliminaire, a ouvert le 8 avril une information judiciaire contre X, notamment pour abus de biens sociaux, escroquerie, présentation de comptes inexacts, faux et usage de faux, dissimulation de la véritable situation de l’entreprise, a détaillé cette source.
Des juges d’instruction sont chargés de poursuivre les investigations sur des soupçons de manipulations comptables, qui étaient ressortis d’un audit diligenté peu après la mort de l’énigmatique patronne de la holding, Monique Piffaut, en novembre 2016, à l’âge de 78 ans.
Dix ans de comptes truqués
Longtemps considérée comme un fleuron français de l’industrie agro-alimentaire, la Financière Turenne Lafayette (FTL), une holding inconnue du grand public – mais qui détenait des marques populaires telles que William Saurin, Panzani ou les jambons de Paul Prédault et de Madrange –, avait dû être lourdement restructurée après la découverte de dix ans de comptes truqués.
Cette affaire met en cause la gestion de Monique Piffaut, actionnaire unique de la FTL. Mme Piffaut avait pris l’habitude, avec la complicité d’une poignée de dirigeants, d’arranger ses comptes en fin d’année, en émettant notamment des fausses factures, dans le but de masquer les difficultés du groupe et de gonfler son chiffre d’affaires.
Au final, l’ardoise des fausses factures avait atteint entre 250 et 300 millions d’euros, selon les estimations de la presse à l’époque. Mais l’ampleur exacte de la fraude reste à établir, selon une source proche du dossier.
L’Etat avait dû voler au secours de la maison mère, pour éviter le naufrage de ses sociétés – qui emploient quelque 3 000 personnes – et pour préserver l’activité des filières agricoles, notamment porcines. La déconfiture du groupe avait entraîné la vente de tous ses actifs.