Le distributeur Auchan quitte l’Italie et le Vietnam
Le distributeur Auchan quitte l’Italie et le Vietnam
LE MONDE ECONOMIE
L’entreprise a annoncé, mardi, la cession de la quasi-totalité de sa filiale transalpine. Le groupe a entrepris de rationaliser son parc de magasins pour revenir à la rentabilité.
Dans un supermarché Auchan à Rome, en 2012. / GABRIEL BOUYS / AFP
Depuis son arrivée à la présidence des activités de distribution d’Auchan en octobre 2018, Edgard Bonte a entrepris des coupes sévères pour replacer son entreprise sur le chemin de la rentabilité. Après la mise en vente de 21 sites en France sans « perspective réaliste de retour à la rentabilité », Auchan Retail a décidé de quitter l’Italie et le Vietnam.
L’entreprise a annoncé, mardi 14 mai, la cession de la quasi-totalité de sa filiale Auchan Retail Italia au groupe transalpin coopératif de distribution Conad, pour un montant non dévoilé. En Italie, Auchan, qui a fait 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018, est à la tête de près de 1 600 magasins (hypermarchés, supermarchés, ultra-proximité et activités digitales), sous les marques Auchan et Simply en propre et en franchise. Elle emploie 14 000 salariés en équivalent temps plein. Auchan conservera 33 supermarchés situés en Sicile et 50 drugstores Lillapois (parfumerie, hygiène, beauté) le temps d’en chercher un acquéreur.
Auchan Retail va également quitter le Vietnam avant l’été, un pays où il était le dernier distributeur occidental depuis le départ de Casino en 2016. L’annonce a été faite, mardi matin, aux équipes concernées. « Nous l’avions lancé il y a quatre ans et nous n’avons pas trouvé le modèle économique adapté au marché vietnamien », explique-t-on en interne. Auchan a réalisé 45 millions d’euros de chiffre d’affaires au Vietnam en 2018.
Bouleversement du marché
L’Italie et le Vietnam avaient été cités par M. Bonte lors de la présentation des résultats annuels, début mars, comme des pays où le distributeur était en très grande difficulté. En 2018, Auchan avait déjà fermé 23 magasins durablement en pertes en Italie, dont deux hypermarchés. « En Italie, on ne gagnait pas d’argent depuis 2011 », souffle-t-on en interne.
Entraîné ces dernières années dans le bouleversement du marché de la distribution alimentaire qui a déstabilisé les acteurs historiques (Internet, circuits spécialisés…), Auchan a également été pénalisé par des mauvais choix stratégiques. Il a affiché en 2018 une perte nette de 997 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 51 milliards d’euros, en baisse de 3,2 %.
Concurrence forte
Le groupe de distribution, présent dans 17 pays, a annoncé, en mars, mettre l’accent sur son retour à l’équilibre, avec « un cadre financier strict pour 2019 » et « une priorité donnée au redressement d’Auchan Retail ». Pour ce faire, une analyse des foyers de pertes « qui conduira à des renoncements et des arbitrages financiers », était à l’étude dans un plan de redressement baptisé « Renaissance ».
Le repli d’Auchan en Italie témoigne aussi des conditions difficiles auxquelles les distributeurs sont confrontés dans ce pays. « L’Italie est un marché extrêmement régionalisé, indique-t-on chez Auchan. Ce qui se fait à Milan ne peut pas se reproduire à Catane ou à Venise. Ce ne sont pas les mêmes habitudes alimentaires, ou culturelles, et les clients attendent des produits locaux. Si bien qu’aujourd’hui, les groupes coopératifs s’en sortent mieux que les groupes intégrés. »
Carrefour a d’ailleurs fait état d’une situation compliquée en Italie au premier trimestre, mentionnant « une intensité concurrentielle très forte » sur fond de « contexte macroéconomique difficile avec un chômage en hausse, un moral des ménages mal orienté », donnant lieu au premier trimestre à « un marché alimentaire en régression de 2 % ».