Teddy, 4 ans, victime présumée de l’anesthésiste suspecté d’avoir empoisonné des patients
Teddy, 4 ans, victime présumée de l’anesthésiste suspecté d’avoir empoisonné des patients
Le Monde.fr avec AFP
Le docteur Frédéric Péchier avait été mis en examen en 2017 pour sept empoisonnements. Les enquêteurs tentent de savoir s’il est impliqué dans une cinquantaine d’autres incidents médicaux suspects.
Le docteur Frédéric Pechier, le 29 mars 2017 à Besançon, aux côtés de son avocat Randall Schwerdorffer. / SEBASTIEN BOZON / AFP
Teddy, un enfant de 4 ans, opéré des amygdales en février 2016, pourrait être une des victimes présumées du docteur Frédéric Péchier, anesthésiste de Besançon qui est suspecté d’avoir empoisonné une cinquantaine de patients.
Déjà mis en examen en 2017 pour sept empoisonnements, le praticien a été placé en garde à vue mardi 14 mai dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte à l’époque en parallèle de sa mise en examen. Elle porte sur une cinquantaine de signalements d’« événements indésirables graves » survenus dans des cliniques où l’anesthésiste exerçait, selon une source proche du dossier. Certains de ces incidents pourraient dissimuler des « faits d’empoisonnement potentiels », a précisé cette source.
Parmi eux, donc, Teddy, comme le révèlent France Bleu et L’Est républicain. Le jeune enfant a été hospitalisé le 22 février à 2016 à la clinique Saint-Vincent pour une opération des amygdales. Mais, au cours de l’intervention, Teddy subit un double arrêt cardiaque. « Une minute après son premier arrêt, le Dr Péchier, qui n’était pas son anesthésiste, intervient et prend en charge les éléments de la réanimation cardiaque », explique Me Jean-Michel Vernier, avocat des parents de l’enfant. Il subit alors un second arrêt cardiaque, mais de nouveau « le Dr Péchier apparaît comme le sauveur », explique Me Vernier. Les enquêteurs soupçonnent l’anesthésiste d’avoir ainsi sciemment modifié les poches d’injection de confrères afin de provoquer des incidents opératoires pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.
Fin de la garde à vue jeudi
Suite à ces arrêts cardiaques, les parents décident de déposer plainte contre X début 2017. Une expertise médicale est ordonnée et « conclut à un accident inexpliqué avec une suspicion de choc anaphylactique (un choc allergique qui peut être mortel) », fait savoir France Bleu. « Toutes les causes médicales pouvant amener à un accident cardiaque ont été une à une éliminées. Il n’y a pas de justification médicale, poursuit Me Vernier. Mais l’expertise pointe du doigt une curiosité, à savoir que dans les cas de choc anaphylactique, il existe un kit spécifique qui doit être utilisé, ce qui n’a pas été le cas. » Alors que Teddy souffre aujourd’hui de séquelles psychologiques, ses parents ont porté plainte contre le docteur Péchier mardi.
Ce dernier doit savoir jeudi s’il est de nouveau mis en examen à la fin de sa garde à vue prévue dans la matinée. Le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, a d’ores et déjà prévu de tenir une conférence de presse en fin d’après-midi. « Le docteur Péchier continue à collaborer très précisément avec les enquêteurs en répondant parfaitement aux questions qui lui sont posées », a déclaré, mercredi en début de soirée, son avocat, Me Randall Schwerdorffer, sortant de l’interrogatoire. Son client « nie tout acte malveillant », a-t-il réaffirmé. Parallèlement à l’interrogatoire de Frédéric Péchier, la direction de la clinique Saint-Vincent, des personnels médicaux, ainsi que des victimes potentielles et des proches ont été entendus mercredi par les enquêteurs.
Parmi les sept cas d’empoisonnement pour lesquels l’anesthésiste est mis en examen depuis 2017, deux personnes sont décédées. Tous ces patients, âgés de 37 à 53 ans, étaient en clinique pour subir des interventions chirurgicales sans difficultés particulières. Ils avaient pourtant tous fait des arrêts cardiaques et seuls cinq ont pu être réanimés. Le docteur Péchier avait été appelé pour en secourir certains. Ces arrêts cardiaques avaient été provoqués par l’administration de doses potentiellement létales de potassium et d’anesthésiques, a établi l’enquête.