Au Chili, les victimes d’une secte nazie pourront recevoir des réparations allemandes
Au Chili, les victimes d’une secte nazie pourront recevoir des réparations allemandes
Le Monde.fr avec AFP
Berlin a décidé d’octroyer des indemnisations aux survivants d’une ancienne enclave allemande soumise, à partir de 1961, au règne de terreur d’un ancien caporal de l’armée du IIIe Reich.
A la Colonia Dignidad, ancienne enclave allemande isolée dans la campagne chilienne, le nazisme a continué à faire des victimes bien après la fin de la seconde guerre mondiale. Vendredi 17 mai, Berlin a annoncé que certaines d’entre elles allaient bénéficier d’une aide financière en réparation. Fondée en 1961 – et aujourd’hui transformée en centre touristique et agricole – cette « colonie de la dignité » où vivaient quelques dizaines de familles allemandes était soumise au règne de terreur de l’ancien caporal nazi, Paul Schäfer. Il y avait instauré un système de mauvais traitement où l’esclavage et les sévices sexuels sur des enfants étaient des pratiques courantes.
Les 240 survivants de la Colonia Dignidad dont 80 vivent actuellement en Allemagne vont pouvoir percevoir jusqu’à 10 000 euros chacun, à la suite d’une décision prise par le gouvernement allemand à l’issue d’un travail mené en commun par l’exécutif et une commission parlementaire. Le montant total des indemnisations devrait s’élever à environ 3,5 millions d’euros d’ici à 2024.
Enfer pour les opposants à la dictature
La députée écologiste allemande, Renate Künast, qui défend de longue date la cause des victimes, a qualifié les paiements de « symboliques » mais les a jugés acceptables. Le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains a, lui, critiqué le fait que de nombreuses victimes chiliennes soient restées exclues du programme d’indemnisation.
En effet, après la fuite de Schäfer, en 1997, les Chiliens ont découvert que l’enclave allemande avait aussi été un enfer pour les opposants à la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), nombre d’entre eux y ayant été torturés ou y ayant disparu. Arrêté en 2005 en Argentine, Paul Schäfer est mort en prison en 2010.