Ligue des champions : Dzsenifer Marozsan vise un troisième titre avec Lyon
Ligue des champions : Dzsenifer Marozsan vise un troisième titre avec Lyon
Par Adrien Pécout (Décines-Charpieu (Métropole de Lyon), envoyé spécial)
La footballeuse de l’Olympique lyonnais affronte le FC Barcelone en finale de la Ligue des champions, samedi 18 mai, à Budapest, sa ville de naissance.
Dzsenifer Marozsan (à droite),en demi-finale de la Ligue des champions face à Chelsea, à Décines, le 21 avril. / Laurent Cipriani/AP
Aux vacances de Noël, Dzsenifer Marozsan refuse les verres de palinka. « Moi, je bois de l’eau », plutôt que de l’eau-de-vie. « Je dois faire attention, surtout pendant la trêve. » Parole de footballeuse professionnelle qui essaie de revenir en Hongrie chaque hiver ‒ voire en été, quand le calendrier le permet. Toute sa famille y vit encore, hormis ses parents et son frère, désormais en Allemagne, le pays qu’elle représente en équipe nationale.
Pour une fois, samedi 18 mai, le séjour se fera dans des conditions extrafamiliales. La milieu de terrain retourne pour le week-end à Budapest. La ville de sa naissance, il y a vingt-sept ans. Mais aussi celle de la finale de la Ligue des champions qu’elle disputera avec son club, l’Olympique lyonnais, contre le FC Barcelone. « Ma famille habite dans un petit village à proximité de Debrecen [dans l’est du pays]. L’hiver, on va ensemble de maison en maison, on bavarde, tout le monde veut raconter son année. »
Depuis trois ans, l’ancienne footballeuse de Francfort découvre le championnat de France : déjà deux élections au titre de « meilleure joueuse », en 2017 et en 2018. « Je dois encore apprendre le français », explique-t-elle en allemand. Veste en cuir sur les épaules, la sportive a retrouvé Le Monde au centre d’entraînement de l’Olympique lyonnais, dans la commune périphérique de Décines-Charpieu.
« Très reconnaissante envers l’Allemagne »
Jusque-là, la communication s’établit sans mal sur le terrain. En trois saisons, déjà trois sacres de championne de France avec les Lyonnaises, et deux en Coupe d’Europe. « Je parle un petit peu anglais mais parfaitement hongrois, précise-t-elle. Avec ma famille, je ne parle qu’en hongrois. C’est important pour nous. »
« Maro » avait 4 ans à son arrivée en Allemagne. Son frère, 9. « D’abord, j’ai seulement eu la nationalité hongroise. » Pour pouvoir disputer un tournoi avec l’équipe allemande des moins de 15 ans, « un entraîneur a fait en sorte que j’obtienne aussi la nationalité allemande. Mes parents et mon frère l’ont prise aussi à ce moment. » Sans regret pour la championne d’Europe (2013) et médaillée d’or olympique (2016) avec la Frauen-Nationalmannschaft. « Quand je regarde ma carrière, je suis fière d’être née en Hongrie, mais aussi très reconnaissante envers l’Allemagne. »
La carrière internationale de son père se résume à moins de matchs. Lui aussi footballeur, lui aussi milieu de terrain, Janos Marozsan a disputé quatre rencontres avec la sélection hongroise, au début des années 1990. « J’ai déjà vu des extraits de ses matchs en équipe nationale, il avait une technique incroyable, », jure aujourd’hui la meneuse de jeu, elle-même à l’aise dans ce registre.
« J’ai d’abord suivi mon frère »
En 1996, le père de famille quittait le pays pour une ultime saison au FC Sarrebruck, club de troisième division allemande. « Ensuite, mes parents auraient préféré revenir en Hongrie, mais mon frère et moi, on voulait simplement rester en Allemagne avec nos amis. Finalement, je crois surtout que mes parents ont décidé de rester pour nous assurer un meilleur avenir. »
En réalité, la n° 10 de Lyon a déjà vécu une année en France dans son enfance, à la frontière allemande. « Le club de Sarrebruck logeait les joueurs à Forbach [Moselle]. » La petite Dzsenifer apprend alors l’allemand dans « un jardin d’enfants franco-allemand ». Puis le football, une fois installée en Allemagne, dans la Sarre.
« Je devais avoir 6 ou 7 ans quand j’ai commencé. J’ai d’abord suivi mon frère au terrain de jeu. Au début, il ne voulait pas, il avait plutôt honte que sa petite sœur l’accompagne. Parfois, je le laissais partir seul et je le rejoignais ! » Côté maternel, même réticence initiale : « Déjà, mon père jouait, mon frère aussi, ça devenait trop pour ma mère ! Alors, elle a essayé de m’envoyer à des cours de danse, à des cours de piano, elle a tout tenté. Mais, pas de chance, j’ai toujours voulu jouer au football. » Pas de chance, surtout, pour ses futures adversaires barcelonaises.