Quatre députés catalans emprisonnés suspendus par le Congrès des députés espagnol
Quatre députés catalans emprisonnés suspendus par le Congrès des députés espagnol
Le Monde.fr avec AFP
Oriol Junqueras, Jordi Turull, Josep Rull et Jordi Sanchez sont accusés de rébellion pour avoir organisé un référendum d’autodétermination malgré son interdiction.
Jordi Turull, Jordi Sanchez et Josep Rull, le 20 mai, à Madrid. / SUSANA VERA / REUTERS
Le Congrès des députés, la Chambre basse du Parlement espagnol, a suspendu, vendredi 24 mai, quatre députés indépendantistes catalans jugés pour la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. En détention provisoire, ils avaient été élus depuis leur prison lors des élections législatives du mois d’avril.
« Le bureau de la Chambre des députés déclare automatiquement suspendus de l’exercice de leur mandat » Oriol Junqueras, Jordi Turull, Josep Rull et Jordi Sanchez, a annoncé la présidente socialiste de la chambre, Meritxell Batet, après avoir consulté les juristes de l’institution. Elle a précisé ensuite leur avoir demandé un nouveau rapport sur le seuil de majorité.
Conséquences politiques pour Pedro Sanchez
Car cette suspension pourrait avoir de lourdes conséquences politiques pour le chef du gouvernement socialiste sortant Pedro Sanchez, vainqueur des élections de fin avril mais sans majorité absolue.
Si le nombre de députés en fonction est réduit et le seuil de majorité absolue abaissé suite à cette suspension, la reconduction au pouvoir de M. Sanchez lors d’un vote d’investiture prévu a priori début juillet serait facilité car il n’aurait pas besoin de l’appui ou de l’abstention des séparatistes catalans. En revanche, si les députés suspendus peuvent céder leur siège à leur suppléant, M. Sanchez aura de nouveau besoin de leur concours pour être investi.
Verdict attendu cet automne
Les quatre députés sont accusés de rébellion pour avoir organisé un référendum d’autodétermination en dépit de son interdiction par la justice, avant l’éphémère déclaration d’indépendance d’une des régions les plus riches d’Espagne en octobre 2017. MM. Junqueras, Turull et Rull sont de plus accusés de malversation pour avoir utilisé des fonds publics pour le faire. Leur procès s’est ouvert devant la Cour suprême en février, sa sentence étant attendue pour l’automne.
Le sénateur catalan Raul Romeva, également accusé de rébellion et malversation, devrait lui aussi être suspendu par le Sénat.
Ces élus en détention provisoire, une première en Espagne, étaient sortis brièvement de prison mardi pour prêter serment d’allégeance à la Constitution, sous les applaudissements de leurs partisans. Leurs voix avaient été rendues inaudibles par le vacarme des députés du parti d’extrême droite Vox tapant sur leur pupitre dans une séance très agitée.
Oriol Junqueras est candidat aux élections européennes à la tête d’une liste qui comprend les indépendantistes basques d’Euskal Herria Bildu et les nationalistes galiciens. / Bernat Armangue / AP
Oriol Junqueras, ancien vice-président du gouvernement régional catalan et chef du parti Gauche républicaine catalane (ERC), est également candidat aux élections européennes à la tête d’une liste qui comprend les indépendantistes basques d’Euskal Herria Bildu et les nationalistes galiciens. Son grand rival Carles Puigdemont, ex-président du gouvernement catalan qui s’est établi en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires en Espagne, est lui aussi candidat aux Européennes à la tête d’une liste d’indépendantistes catalans.
Tous deux espèrent être élus députés européens pour pouvoir dénoncer au Parlement européen l’Etat espagnol, qu’ils accusent de ne pas être démocratique.