Un an après la reprise, la fin des illusions des ex-Whirlpool
Un an après la reprise, la fin des illusions des ex-Whirlpool
LE MONDE ECONOMIE
La société WN de Nicolas Decayeux, qui gère le site de 160 salariés depuis le 31 mai 2018, doit être placée, mercredi, sous protection du tribunal de commerce d’Amiens.
Le site Whirlpool d’Amiens a été repris par WN, le 31 mai 2018. / DENIS CHARLET / AFP
Un an pour rien. C’est un peu le sentiment, mardi 28 mai, des 160 salariés de Whirlpool repris le 31 mai 2018 par WN, la société de l’entrepreneur picard Nicolas Decayeux. L’entreprise doit être placée, mercredi, sous protection du tribunal de commerce d’Amiens. Tout un symbole pour cette usine dont la production a été délocalisée en Pologne en 2017 et qui fut l’un des hauts lieux, au second tour de la campagne présidentielle de 2017, du duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
L’entreprise n’a plus assez de trésorerie, ayant dépensé les 2,5 millions d’euros apportés par l’Etat, les 7,4 millions d’euros par Whirlpool ainsi que les fonds amenés par M. Decayeux. « Il me manque environ 4 millions d’euros, confiait encore lundi au Monde l’industriel. Je savais que ce serait difficile, mais tout a pris beaucoup plus de temps que prévu. »
« On nous promettait la mise en place de nombreux projets de développement, de production de véhicules électriques, de chargeurs de batterie ou encore d’une open factory [usine ouverte], explique Frédéric Chantrelle, un ancien syndiqué de Whirlpool récemment licencié. Mais de tout ça, il n’y a rien. Et les personnels sont désœuvrés. »
« On s’est fait rouler »
Sur 160 personnes, au mieux la moitié avait un peu de travail. « Si certains étaient en formation, d’autres cherchaient à s’occuper en tondant la pelouse ou en lavant les voitures », peste un ancien de Whirlpool. « On s’est fait rouler », lâchait récemment à l’AFP Pascal Lefebvre, secrétaire adjoint (CFTC) du comité d’entreprise. « Rien ne sort de l’usine, la majorité des salariés sont en errance sur le site », ajoutait Patrice Sinoquet, délégué CFDT.
« Je n’avais pas encore assez de travail pour tout le monde, mais cela se mettait en place. Les salariés ont bénéficié de 14 000 heures de formation pour passer d’opérateurs sur ligne à des opérateurs polyvalents », assure M. Decayeux. Alors que le site produisait des pylônes d’ascenseurs pour la société SSA ou quelques dizaines de casiers réfrigérés, les revenus n’étaient pas suffisants pour faire face aux dépenses. « On a des commandes de casiers prêtes à être annoncées », assurait lundi M. Decayeux. Après un audit stratégique de la société, l’Etat a préféré siffler la fin de la récréation.
Fin 2017, quand l’entrepreneur approche Whirlpool, il propose de ne reprendre au départ que 50 personnes pour produire ses casiers réfrigérés. « A l’époque on m’a encouragé à développer un projet plus ambitieux allant jusqu’à 230 salariés, avec une diversification de productions… Depuis, nous avons bien bossé, mais nous n’avons pas été assez rapides. Nous ne baissons pas les bras et nous continuons à croire à la réussite de notre projet novateur. »
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