Affaire Carlos Ghosn : Rachida Dati et Alain Bauer visés par une enquête du Parquet national financier
Affaire Carlos Ghosn : Rachida Dati et Alain Bauer visés par une enquête du Parquet national financier
L’ancienne garde des sceaux et le criminologue sont soupçonnés d’avoir perçu des fonds potentiellement suspects via la structure néerlandaise de Renault-Nissan BV.
C’est l’une des nombreuses facettes de l’affaire Carlos Ghosn. L’ancienne garde des sceaux Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer sont visés par une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF), selon les informations de Marianne, confirmées au Monde.
Cette enquête préliminaire, confiée aux policiers de l’office anticorruption, fait suite à la plainte pour « abus de biens sociaux et corruption » déposée en avril par une actionnaire de Renault contre l’ancien PDG Carlos Ghosn, sa femme, ainsi que Rachida Dati et Alain Bauer.
Selon l’hebdomadaire, ces deux derniers y sont accusés « d’avoir perçu des fonds potentiellement suspects via la structure néerlandaise de Renault-Nissan BV (RNBV), un établissement financier monté sous la présidence de Carlos Ghosn ». Cette société néerlandaise apparaîtrait par ailleurs dans l’enquête en cours au Japon contre l’ex-patron du constructeur automobile.
La plainte déposée fin avril évoque, selon Marianne, « l’opacité de la gestion et de l’activité de RNBV » et « des rémunérations opaques, voire occultes ». « Il apparaît que la structure de Renault-Nissan BV, son implantation, l’absence de salariés et l’extrême liberté de son conseil d’administration ont été choisies pour échapper à tout contrôle des actionnaires français et étrangers », écrivait l’avocat de la plaignante, Me Jean-Paul Baduel.
Six cent mille euros perçus par Rachida Dati
Des contrats de conseillers extérieurs ont été découverts lors d’un audit indépendant réclamé par Nissan après l’arrestation de Carlos Ghosn en novembre 2018 au Japon. Si la plainte dénonce un usage « inapproprié pour des dizaines de millions d’euros », elle reproche à Rachida Dati d’avoir perçu 600 000 euros pour un rôle de conseil entre 2009 et 2013.
Contactée par Le Parisien en mai, la candidate à la mairie de Paris contestait toute infraction quant aux versements de RNBV :
« J’ai été rémunérée comme avocate et non consultante de 2010 à 2012, de façon forfaitaire : 300 000 € par an. Tous les contrats ont été validés par le commissaire aux comptes et le directeur juridique, M. Husson. A chaque réunion de travail, il y avait soit Carlos Ghosn, soit Christian Husson, soit la secrétaire générale, Mouna Sepehri. »
Son avocat, Me Olivier Pardo, assure que Mme Dati a déclaré toutes ses rémunérations à la Haute Autorité de transparence de la vie publique (HATVP), comme le veut la loi.
Dans sa plainte, l’actionnaire n’évoque par ailleurs aucun montant des rémunérations perçues par Alain Bauer, mais remet en cause « la réalité des travaux » de celui qui a été engagé pour ses conseils en sécurité entre 2011 et 2012.
M. Bauer a lui aussi nié toute infraction. « Je constate que Renault n’a jamais fait la moindre réclamation à propos de mon contrat et de mon travail, expliquait-il au Parisien. J’ai été engagé pour gérer le faux dossier des espions de Renault, la restructuration des services de sécurité et la mise en place d’un dispositif de déontologie. Nous avons des documents que nous fournirons sur le travail accompli. »