Les Bleus à l’entraînement au Stade d’Andorre-la-Vieille, lundi 10 juin. / FRANCK FIFE / AFP

Dans leur agenda, Didier Deschamps et son staff avaient entouré en rouge ce mardi 11 juin et ce déplacement à Andorre-la-Vieille, en plein cœur des Pyrénées, dans le cadre des éliminatoires à l’Euro 2020. Le sélectionneur des Bleus ne garde pas forcément un bon souvenir de l’équipe de la principauté, qu’il avait battue de justesse (1-0, penalty de Frank Leboeuf en fin de match) comme joueur, au Stade Olympique de Barcelone, vingt ans plus tôt, sur la route de l’Euro 2000.

Si le onze andorran (134e au classement de la Fédération internationale de football) ne représente pas une grance menace sur le plan sportif pour les champions du monde, vaincus (2-0) en Turquie samedi 8 juin, c’est davantage l’état du terrain en synthétique d’Andorre-la-Vieille, l’Estadi Nacional, qui préoccupe le staff des Tricolores.

Nichée entre deux montagnes, l’enceinte de 3 300 places n’est pas dénuée de charme avec ses trois tribunes et son mur blanc. Mais la qualité douteuse de la surface, censée résister aux basses températures (moins de cinq degrés et des chutes de neige fondue sont attendus mardi) et parsemée de billes de caoutchouc, pose question.

Utilisé par le club de rugby d’Andorre-la-Vieille, le petit stade a été inauguré et homologué par l’Union des associations européennes de football (UEFA) en 2014. Auteur d’un doublé avec le Pays-de-Galles, cette année-là, Gareth Bale n’avait pas vraiment apprécié son déplacement dans la principauté. « C’était de loin le pire terrain sur lequel il m’est arrivé de jouer, avait-il pesté après la rencontre. Je ne peux pas décrire à quel point le terrain était mauvais, instable, dur. »

« Les joueurs ne sont pas habitués à jouer sur cette surface »

A un journaliste qui lui demandait s’il avait « déjà vu une pelouse de cette qualité en éliminatoires d’un Euro », Didier Deschamps a répondu avec un brin d’ironie. « Ça a dû m’arriver, mais j’ai du mal à m’en rappeler. Quand j’étais jeune, ça remonte à très loin, a déclaré le technicien, dont les protégés n’ont pas le droit à l’erreur après leur défaite en Turquie. Les joueurs de l’équipe ne sont pas habitués à jouer sur cette surface ou en compétition internationale. On devra s’adapter comme les autres équipes ont dû le faire. C’est une pelouse qui favorise plus l’aspect défensif. »

Il y a plusieurs semaines, Didier Deschamps avait envoyé une délégation à Andorre-la-Vieille pour faire un état des lieux. Pour le sélectionneur et son staff, le constat était limpide : la surface en synthétique est susceptible de gêner les appuis et de favoriser les blessures. La Fédération française de football (FFF) a demandé à l’UEFA de ne pas disputer la rencontre à l’Estadi Nacional. Mais elle n’a pas eu gain de cause.

« On ne va pas prendre ça comme excuse »

« On va beaucoup plus vite sur du synthétique car le sol est plus dur, confiait au Monde, en mars, Grégory Dupont, le préparateur physique des Bleus. Plus c’est dur, plus il y a de dommages musculaires. Mais cela relève davantage de l’après-match. On joue en Turquie et on va finir par le synthétique. La récupération aura lieu après, c’est moins gênant dans ce sens-là. »

Au terme d’une longue saison, au cours de laquelle les organismes ont été mis à rude épreuve, les joueurs vont être soucieux de ne pas se blesser avant de partir en vacances. En délicatesse avec un genou, le défenseur Samuel Umtiti pourrait être ménagé.

Après la touffeur et l’atmosphère enflammée de Konya, en Turquie, les Bleus vont être plongés dans une tout autre ambiance, dans les Pyrénées. « On passe d’un extrême à l’autre, notre maître-mot est de s’adapter. Ça dépendra de nous. On ne va pas prendre ça comme excuse, a insisté Didier Deschamps. À nous de faire le job et de prendre les trois points. Ils sont aussi importants que ceux en jeu en Turquie. Là, on a la possibilité de les prendre. Il ne faut pas la manquer. »

Avant de partir en congés, les champions du monde devront fournir un ultime effort et, surtout, ne pas chuter sur le terrain piégeux d’Andorre-la-Vieille.