Les accidents de chasse en augmentation
Les accidents de chasse en augmentation
Par Pierre Le Hir
L’activité cynégétique a fait 132 victimes en France durant la saison 2018-2019, dont sept morts. Les risques sont particulièrement importants en milieu péri-urbain.
La chasse tue. Et pas seulement le gibier. Le bilan de la dernière saison (du 1er juin 2018 au 31 mai 2019), publié jeudi 13 juin par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), fait apparaître un nombre total d’accidents de 131, en forte hausse par rapport aux 113 cas enregistrés la saison précédente. Il reste toutefois inférieur à la moyenne annuelle de 140, sur la dernière décennie, et de 160, sur les vingt dernières années.
Nombre annuel d’accidents de chasse en France depuis 20 ans. / ONCFS
Le nombre de victimes est, lui aussi, en nette augmentation : 132 contre 115 en 2017-2018. Les chasseurs eux-mêmes forment le gros de ce contingent, mais 22 non-chasseurs y figurent également, contre 17 la saison passée. Les accidents mortels, au nombre de sept, dont un non-chasseur, sont en revanche en diminution : 13 avaient été relevés l’an dernier, la moyenne étant de 15 sur la dernière décennie et de 21 sur les vingt dernières années.
Des accidents mortels en diminution. / ONCFS
Battue au grand gibier
Les deux tiers de ces accidents se sont produits lors d’une chasse collective au grand gibier (sanglier, cerf, chevreuil...), une proportion qui « augmente d’année en année, reflétant l’importance grandissante de ce mode de chasse en France », indique l’ONCFS. Elle note à cet égard que « la proportion de traqueurs [rabatteurs] à l’origine d’un accident tend à augmenter, imposant une vigilance accrue quant à l’organisation des battues ».
L’établissement public précise également que dans leur très grande majorité, les accidents mortels sont liés « à un manquement aux règles élémentaires de sécurité (...), à un tir sans identification ou à une mauvaise manipulation de l’arme ». Il observe encore qu’en raison de l’étalement urbain et de la concentration de certaines populations de grand gibier en périphérie des agglomérations, « les enjeux de sécurité sont particulièrement prégnants en milieu péri-urbain » .
Ce « tableau de chasse », qui montre une recrudescence du nombre d’accidents comme de victimes, ne pourra que renforcer la détermination des associations militant pour une trêve dominicale qui permettrait aux promeneurs de jouir de la nature en toute sécurité. « Les chasseurs représentent moins de 2 % de la population, mais ils s’approprient la nature (...) au détriment des 98 % restants », proteste ainsi l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), à l’origine d’une pétition en ligne, qui totalise 230 000 signatures. Selon elle, « la France est, de très loin, le pays d’Europe où il y a le plus d’accidents de chasse ».
Cadeau présidentiel
Une journée sans chasse – le mercredi – avait pourtant été instaurée entre 2000 et 2003 par la ministre de l’environnement, Dominique Voynet. Mais cette mesure a été supprimée par sa successeur, Roselyne Bachelot. La puissante Fédération nationale des chasseurs (FNC) est farouchement opposée à l’interdiction – surtout le dimanche – d’une « activité populaire ».
L’ONCFS souligne que le projet de loi, en cours d’examen au Parlement, visant à fusionner cet organisme avec l’Agence française pour la biodiversité, « devrait rendre obligatoires plusieurs mesures en matière de sécurité de la chasse, dont la signalisation des chasseurs lors des battues au grand gibier, la signalisation des enceintes chassées et la remise à niveau des chasseurs tous les dix ans en matière de sécurité ».
Il est cependant douteux que la division par deux, de 400 à 200 euros, du prix du permis de chasse national – un cadeau accordé en 2018 par Emmanuel Macron aux quelque 1,1 million porteurs de fusil afin de rendre leur « loisir » plus accessible –, soit de nature à réduire le caractère accidentogène de cette activité.