Coupe du monde 2019 : les supporteurs des Bleues, cette « douzième femme »
Coupe du monde 2019 : les supporteurs des Bleues, cette « douzième femme »
Par Rémi Dupré, Anthony Hernandez
La Fédération française de football considère l’ambiance autour de l’équipe de France comme un « enjeu prioritaire ».
Eugenie Le Sommer, le 12 juin, à Nice. / CHRISTOPHE SIMON / AFP
Richard Farjot est un supporteur comblé. Responsable du groupe « France Ang’elles », fondé en 2018 pour soutenir les Bleues et les autres équipes de France féminines, il sera dans les tribunes du Roazhon Park de Rennes, lundi 17 juin, pour assister (coup d’envoi à 21 heures) à l’ultime rencontre du groupe A, entre les joueuses de la sélectionneuse Corinne Diacre et le Nigeria.
Avec une cinquantaine de membres des « France Ang’elles », M. Farjot était présent au Parc des Princes, le 7 juin, pour le match d’ouverture de la Coupe du monde 2019 entre les Bleues et la Corée du Sud (4-0). « Un match avec beaucoup de pression pour les Bleues, dans un stade de 48 000 places », observe-t-il alors que la Fédération internationale de football (FIFA) a autorisé les supporteurs à faire entrer tambours, bâches, tifos et drapeaux dans l’enceinte parisienne. Les mégaphones étant proscrits par l’instance.
Le 12 juin, les « France Ang’elles » étaient également à Nice pour le deuxième match des Françaises, victorieuses (2-1) à l’arraché des Norvégiennes. M. Farjot et son groupe ont bénéficié du quota de 2000 places allouées, pour chaque match des Bleues, par la FIFA à la Fédération française de football (FFF). Laquelle les réserve aux adhérents du Club des supporteurs de l’équipe de France, dont les membres du très influent groupe des « Irrésistibles Français ».
« Une ambiance différente, plus jeune et familiale »
« Nous sommes globalement très contents de l’ambiance dans les stades pour les matchs des Bleues, assure Florent Soulez, responsable marketing évènementiel et merchandising à la FFF. C’est évidemment une ambiance différente, plus jeune et familiale mais, poussée par le Club des supporters, cela prend pas mal. Nous espérons évidemment une montée en puissance pour le second tour. »
Selon M. Soulez, « l’ambiance autour des Bleues est un enjeu prioritaire » pour la FFF et le match d’ouverture a servi « à donner le ton » pour le reste la compétition. Depuis 2011, sous l’impulsion de son président Noël Le Graët, la Fédération a structuré les groupes de supporteurs de l’équipe de France et « travaille depuis un an et demi sur la Coupe du monde 2019 », précise Florent Soulez.
La FFF a notamment réintroduit les « Casas Bleues », ces lieux de rassemblement festif de supporteurs dans les villes hôtes des matchs de l’équipe de France, mises en place lors du Mondial 2014 au Brésil.
« On ne pouvait faire moins que pour les garçons »
« On ne pouvait se permettre de faire moins que pour les garçons à l’Euro 2016, fait remarquer M. Soulez. Notre référence, c’est le travail fait pour les A de Didier Deschamps. On a vu en Russie, l’an passé, qu’il nous restait du travail à faire. Le Mondial 2019 représente une opportunité pour développer la « partie supporteurs » autour des Bleues. Diacre et son staff attendent que tous les éléments soient réunis pour qu’elles gagnent. »
A Paris, le Parc des Princes avait d’ailleurs des allures de Parc des Princesses, le 7 juin. 45 261 spectateurs recensés, de nombreuses familles, un public très mixte et enthousiaste pour ce qui constitue le record d’affluence des Bleues pour un match en France. On remarquait aussi beaucoup de groupes d’adolescents, à l’image de cette trentaine de jeunes filles et de jeunes garçons en section football au collège Delalande à Athis-Mons, invités par le département de l’Essonne.
L’une d’entre eux, Chaimaa, « avec deux a », est une toute jeune footballeuse de 12 ans qui n’est licenciée que depuis un an : « C’est grâce à mon père et à mon frère. Tout le temps, quand on sortait en bas, il me montrait comment on joue et ça m’a plu ». Elle a assisté à son premier match au stade et ne connaît pas encore très bien les noms des joueuses de l’équipe de France, à l’exception « de la capitaine Amandine Henry ».
Des maillots floqués… Mbappé ou Griezmann dans les stades
Lors du deuxième match à Nice face à la Norvège, qui n’avait été annoncé à guichets fermés que quelques jours avant le jour fatidique, on a compté quelques sièges vides malgré les 34 872 supporteurs officiellement recensés. L’ambiance était également au rendez-vous mais parfois plus à réaction quand les Bleues jouaient le rôle de détonateur en attaquant.
Parmi les supporteurs des Bleues, on aperçoit encore beaucoup de maillots des… Bleus floqués au nom de Mbappé ou Griezmann… On a quand même vu quelques maillots de l’équipe de France féminine, en général sans flocage. Adrien, venu en voisin de Sophia Antipolis, l’un des nombreux Mbappé du soir, a répondu avec humour à notre interpellation vicieuse mais polie « Bonsoir, vous savez que Mbappé ne joue pas ce soir ? » « Oh, oui, je suis très déçu d’ailleurs. »
Adrien aime le foot lors des grands événements, avant tout, et a assisté à l’Euro 2016. Il était présent, le 9 juin, à Nice pour Angleterre-Ecosse. Il a acheté un pack de trois matchs pour environ cent euros. « Je trouve que les joueuses sont techniques, c’est agréable même si elles vont moins vite. En plus elles ne se roulent pas par terre », confie-t-il.
Présent à l’Euro 2017, aux Pays-Bas, Richard Farjot est, lui, un habitué des compétitions de football féminin. Il a suivi le Mondial des moins de 20 ans, en Bretagne, l’an passé, ainsi que « l’ensemble des matchs de préparation » des Bleues au Mondial, organisés dans des stades modestes, comme ceux de Créteil ou Orléans. Il se félicite d’avoir contribué à créer « France Ang’elles », « un groupe de supporteurs sans étiquette qui rassemble des amoureux de clubs de D1 comme Lyon, Juvisy, Soyaux. »
« Le groupe a pris son envol fin 2017, début 2018, explique M. Farjot. L’association compte des adhérents âgés de 6 à 80 ans, dont 70 % de femmes, toutes catégories sociales confondues. On encourage, on ne siffle jamais. C’est toujours convivial. A l’image du foot féminin. »
Plus d’une centaine de membres des « France Ang’elles » sont ainsi attendus à Lyon pour la finale, prévue le 7 juillet. « On triplera alors nos effectifs », promet Richard Farjot. Sous réserve que les Bleues parviennent à atteindre la dernière marche.