Le Global Hawk, un drone aussi puissant que facile à abattre
Le Global Hawk, un drone aussi puissant que facile à abattre
Par Nathalie Guibert
L’Iran a abattu un drone américain Global Hawk le 20 juin autour du détroit d’Ormuz. La zone, très disputée, est toujours délicate à balayer pour les armées occidentales.
Un Global Hawk RQ-4, sur une base américaine aux Emirats arabes unies, le 17 février 2019. / DARNELL T. CANNADY / AFP
Un gros appareil de 40 mètresd’envergure et de 15 tonnes, un peu lent, suivant dans les airs une route rectiligne : il n’était objectivement pas difficile pour l’Iran, équipé de missiles russes performants, d’abattre le drone Global Hawk américain qui a survolé la mer d’Oman le 20 juin.
L’appareil, un modèle MQ-4C, appelé aussi Triton, est en dotation dans la marine américaine. L’US Navy déploie de nombreux navires de guerre et un groupe aéronaval complet autour d’un porte-avions, dans la région du Golfe. Elle n’agit pas sans drones de surveillance, capables de voler durant plus de 24 heures. Et ce, a fortiori depuis les attaques de tankers de la mi-juin : les drones les plus puissants sont devenus indispensables pour assurer un suivi permanent des batteries côtières de missiles, mais aussi pour fournir à l’état-major américain, en direct et sans interruption, la photographie globale de la région.
Le Triton ne vole qu’à 400 nœuds (environ 740 km/h), en suivant une route déterminée à l’avance : dans les états-majors, des officiers spécialisés tracent point par point le parcours de surveillance, grâce aux coordonnées GPS.
Avec une couverture de près de 4 000 km de rayon, ce Global Hawk vole haut, 56 000 pieds (17 km), équipé de nombreux capteurs. Il dispose d’un radar de surveillance maritime à 360° et de détection sol-air, avec une capacité à long rayon d’action. Il emporte un système de ciblage sophistiqué pour d’éventuelles frappes que pourraient conduire des avions de chasse. Et possède une fonction d’identification des navires.
Hypothèses pour expliquer le tir iranien
Son angle de vue et sa portée sont donc exceptionnels. Dans ce cadre, estiment les experts, le commandement américain n’a aucun intérêt à s’attirer des problèmes en pénétrant dans l’espace aérien de l’Iran – le Pentagone assure que le drone volait à 34 km des côtes iraniennes.
Reste que la zone du détroit d’Ormuz, très disputée, est toujours délicate à balayer pour les armées occidentales, que ce soit sur l’eau ou dans les airs. Les espaces nationaux se touchent et les pays riverains peuvent jouer de revendications territoriales.
Si l’armée américaine a souhaité naviguer en limite de l’espace iranien afin de voir plus en profondeur dans le pays, elle a pris un risque.
D’autres hypothèses sont avancées pour expliquer le tir iranien. Côté américain : un brouillage GPS qui aurait momentanément fait dériver le Global Hawk, ou une erreur dans la préparation du tracé de sa mission. Côté iranien : un système sol-air iranien déclenché intempestivement, ou une prise en main des « durs » du régime voulant tester la volonté américaine.