CAN 2019 : ce moment si particulier où les Requins bleus croisent des Antilopes noires
CAN 2019 : ce moment si particulier où les Requins bleus croisent des Antilopes noires
Par Mustapha Kessous
Les surnoms des équipes africaines sont très souvent puisés dans le monde animal : affectueux, féroces, taquins, exotiques voire lyriques.
Adama Traoré des Aigles du Mali, lors de la rencontre face à la Mauritanie, à Suez, en Egypte, le 24 juin 2019. / FADEL SENNA / AFP
Les écureuils n’ont pas l’habitude de croquer des lions indomptables. Les requins bleus ne croisent pas tous les jours des antilopes noires. Et les hirondelles ne s’attaquent pas aux léopards. Même au printemps. Si, dans la vie réelle, ces espèces ont peu de chance d’être en compétition, elles se sont donné rendez-vous sur les terrains de football égyptiens de la Coupe d’Afrique des nations.
Car, en Afrique, le monde animal inspire les sélections nationales au point de régner sur les surnoms. Il y en a pour tous les goûts : affectueux, féroces, taquins, exotiques, anodins ou lyriques. Et pas question de se moquer de ces petits noms : ils sont aussi sacrés que les couleurs du drapeau.
Les équipes africaines sont réputées pour avoir ce genre de sobriquets peu banals et plus originaux que ses adversaires occidentaux ou sud-américains : les Bleus pour la France, l’Albiceleste pour l’Argentine ou les Oranjes pour les Pays-Bas… Les Panthères du Gabon, les Scorpions gambiens, les Fennecs algériens, les Antilopes noires d’Angola, les Ecureuils du Bénin, les Requins bleus du Cap-Vert ou encore les Crocodiles du Lesotho. Ces surnoms puisés dans le monde sauvage font souvent partie de l’imaginaire national ou se réfèrent tout simplement aux armoiries du pays, comme c’est le cas avec les Eléphants de Côte d’Ivoire, les Zèbres du Botswana, les Super Eagles du Nigeria ou les Grues de l’Ouganda.
Donné par décret présidentiel
Parfois, ces nouvelles appellations ont d’autres sources. Comme les Bafana, Bafana d’Afrique du Sud (« Garçons, garçons » en zoulou) qui voient le jour en 1992, juste après la fin de l’apartheid, sous la plume d’un journaliste de Soweto. Ou comme les Lions, puis Les Lions indomptables – surnom de l’équipe du Cameroun – donné par décret présidentiel pour se différencier d’autres sélections telles que les Lions de l’Atlas (Maroc) et les Lions de la Teranga (Sénégal). « D’ailleurs, El Hadji Diouf [légende du football sénégalais] m’a encore dit qu’il en avait assez de ces distinguos : pour lui, ce sont les Lions, point barre. Les Lions de la Teranga, il ne connaît pas », confie Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille.
Ces nobles titres doivent inspirer la puissance et effrayer l’adversaire avant même de fouler la pelouse. Mais, évidemment, ce qui est valable pour les léopards, lions ou autres zébus, l’est moins pour les écureuils. Lorsqu’on se surnomme les Fennecs ou les Ecureuils, à qui fait-on peur ? En octobre 2018, la fédération du Bénin a commandité une mission d’étude sur le changement de nom de son équipe, les Ecureuils… « Il n’est plus à démontrer que le nom Ecureuils porté par l’équipe nationale de football du Bénin n’est pas toujours du goût de tous les acteurs. Il est indéniable qu’un nom porté par l’équipe nationale doit être évocateur dans la conscience globale des populations et fédérateur des ambitions du monde sportif », a indiqué la fédération. Alors, pourquoi pas les « panthères dorés » comme sur les armoiries ?